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Emploi

Près d’un quart des allocataires du RSA a travaillé entre 2021 et 2022

Le temps passé en emploi par les allocataires du RSA n’était pas négligeable, puisqu’il s’élevait à quatre mois en moyenne. Près de deux tiers des bénéficiaires de ce revenu de subsistance ont par ailleurs été inscrits à France Travail durant la période étudiée par la Dares.
Dans une agence France Travail de Givors, en 24 octobre 2023. (Romain Etienne/Item pour Libération)
publié le 9 octobre 2024 à 18h00

Avant même la réforme dite pour le «plein-emploi» adoptée en 2023 et censée être généralisée au 1er janvier 2025, les 2 millions d’allocataires du RSA n’étaient pas si inactifs que ce que laisse souvent croire l’écume médiatique et politique du débat autour de leur insertion. Un quart d’entre eux (24 %) ont occupé au moins un emploi salarié sur une période comprise entre le 1er juin 2021 et le 31 mai 2022, selon une étude de la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques du ministère du Travail (Dares) publiée ce mercredi 9 octobre. Et le temps passé en emploi n’était pas négligeable pour les concernés, puisqu’il s’élevait à quatre mois (continus ou non) en moyenne. En revanche, rares sont ceux qui ont fait l’expérience d’un CDI (8 % seulement).

Des situations moins monolithiques qu’on peut le croire

La Dares distingue les parcours selon deux situations. D’un côté, il y a les allocataires du RSA qui étaient inscrits à France Travail (Pôle Emploi à l’époque) en juin 2022, au moment où la photographie a été prise. Parmi ceux-là, un tiers a été en emploi salarié dans les douze mois précédents, pour une durée moyenne de quatre mois. Ceux qui en revanche n’étaient pas inscrits à France Travail en juin 2022 ont été moins nombreux (un sur cinq) à avoir été salariés dans l’année écoulée, mais ce temps a été un peu plus long (cinq mois en moyenne). Ces données suggèrent que les situations des allocataires du RSA ne sont pas si monolithiques qu’on peut le croire, et que les frontières entre l’inactivité, la recherche d’emploi et l’emploi sont poreuses.

Preuve en est que s’ils ont en moyenne perçu le RSA dix mois au cours des douze derniers mois, presque les deux tiers (59 %) des allocataires sont aussi passés par la case France Travail sur la même période, pour une durée d’inscription moyenne de huit mois. De quoi relativiser l’argument gouvernemental qui présidait à la réforme «plein-emploi» selon lequel une minorité d’allocataires (42 %) étaient inscrits à France Travail. Certes, cela valait pour une date donnée (en l’occurrence, juin 2022), mais ne correspondait pas forcément à ce que vivaient les concernés sur un temps plus long.

500 postes en moins à France Travail

L’enjeu statistique n’est pas neutre dans la mesure où la réforme en question prévoit l’inscription automatique à France Travail, au 1er janvier 2025, de l’ensemble des allocataires du RSA et de leurs conjoints et conjointes éventuelles. Ce qui pourrait entraîner un gonflement des effectifs des demandeurs d’emploi que l’on estimait à 1,2 million de personnes sur la base des seuls 42 % d’inscrits recensés jusqu’alors. Si l’on tient compte du fait qu’un nombre bien supérieur de personnes auraient de toute manière été inscrites au cours de l’année, la hausse des inscriptions pourrait être moins spectaculaire.

Ces données soulèvent aussi des questions quant à l’accompagnement fourni par France Travail durant la période où les allocataires du RSA y sont inscrits. La réforme de 2023 prévoit qu’ils fassent désormais l’objet d’un «accompagnement renforcé» par l’opérateur, ce qui impliquerait l’embauche d’agents supplémentaires. Or, le projet de budget pour 2025, qui sera dévoilé jeudi 10 octobre, prévoit au contraire une réduction de 500 postes au sein de France Travail. Ce que l’ensemble de ses syndicats ont dénoncé ce mercredi 9 octobre dans un communiqué, en annonçant qu’ils se réuniraient «dans les prochains jours pour envisager les actions qui s’imposent».