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Réactions

Pression américaine sur les entreprises françaises : «Inadmissible» pour le Medef, la loi «va continuer à s’appliquer» assure Bergé

Des sociétés françaises ont reçu une lettre de l’ambassade des Etats-Unis concernant leurs programmes internes en faveur de la diversité. Patrick Martin l’a déploré ce dimanche 30 mars, tout comme la ministre chargée de la lutte contre les discriminations.
L'ambassade des Etats-Unis à Paris, le 18 janvier 2022. (Martin Noda/Hans Lucas.AFP)
publié le 30 mars 2025 à 15h37

La missive de l’administration Trump a courroucé en haut lieu. Après avoir appris l’existence d’une lettre de l’ambassade des Etats-Unis à plusieurs entreprises françaises, concernant leurs politiques internes en faveur de la diversité, le patron du Medef a vivement réagi ce dimanche 30 mars. «C’est inadmissible parce que cela traduit une dérive du gouvernement américain, du président américain lui-même, qui veut signifier une emprise sur l’économie mondiale et les valeurs européennes. On ne peut pas s’incliner, nous avons des valeurs, des règles, nous nous devons de les respecter», a martelé Patrick Martin lors d’une interview sur LCI. «Il est hors de question de renoncer» aux règles d’inclusion, a-t-il assuré.

«La loi française va continuer à s’appliquer», a assuré de son côté la ministre chargée de la lutte contre les discriminations, Aurore Bergé, sur BFMTV. «Elle est au-dessus des ultimatums qui seraient posés par l’ambassade des Etats-Unis», a poursuivi la ministre. «En droit français, il n’y a pas de discrimination positive, par contre, il y a une loi sur l’égalité entre les femmes et les hommes et l’égalité salariale, il y a des droits sociaux qui sont associés, a-t-elle développé. Il y a un principe qui est celui d’un principe de non-discrimination, évidemment, que ce soit la discrimination liée à l’origine ou la discrimination envers les personnes LGBT.»

Samedi, le ministère français du Commerce extérieur avait dénoncé «les ingérences américaines dans les politiques d’inclusion des entreprises françaises, comme les menaces de droits de douane injustifiés, [qui] sont inacceptables», dans un message transmis à l’AFP.

«Il faut être très ferme»

Plusieurs entreprises françaises ont reçu une lettre et un questionnaire de l’ambassade des Etats-Unis, les interrogeant sur l’existence de programmes internes de lutte contre les discriminations, ce qui pourrait les empêcher de travailler avec l’Etat américain. Les destinataires du courrier ont été informés du fait que «le décret 14 173», pris par Donald Trump dès le premier jour de son retour à la Maison Blanche pour mettre fin aux programmes promouvant l’égalité des chances au sein de l’Etat fédéral, «s’applique également obligatoirement à tous les fournisseurs et prestataires du gouvernement américain», comme le montre un document révélé vendredi par Le Figaro, confirmant une information des Echos.

«Bien sûr que l’on avait connaissance de ce décret, mais on n’imaginait pas qu’il serait appliqué avec une forme d’extraterritorialité, comme ça semble être le cas maintenant, a réagi Patrick Martin ce dimanche. Il ne faut pas mettre de l’huile sur le feu, mais il faut être très ferme quant à la réaffirmation de nos intérêts et de nos valeurs.» «Je ne crois pas me tromper en disant que ces entreprises assumeront leurs valeurs, a affirmé le patron des patrons. Et autant que possible, l’État et l’Union Européenne doivent être en soutien, endiguant en quelque sorte cette décision américaine, qui est funeste.»

Depuis son retour à la Maison Blanche, le président Trump s’est engagé dans une vaste réforme du gouvernement fédéral, traquant les dépenses publiques jugées de gaspillage ou contraires à sa politique, comme les programmes soutenant la diversité ou de l’inclusion.