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RATP : la CGT redevient le premier syndicat, sur fond d’ouverture à la concurrence

Selon les résultats rendus publics ce vendredi, le syndicat de lutte sort renforcé des élections professionnelles dans la régie de transports franciliennes et l’Unsa, réformiste, perd de son poids et voit même FO la supplanter.
Des grévistes de la CGT en lutte contre la réforme des retraites, au dépôt de bus de Vitry-sur-Seine, le 13 janvier 2020. (LUDOVIC MARIN/AFP)
publié le 26 novembre 2021 à 19h05

La CGT qui retrouve sa place de premier syndicat, une FO revisitée qui grimpe à la deuxième place, l’Unsa qui sombre… Ce sont les principaux enseignements des élections des comités sociaux et économiques (CSE) de la régie, a-t-on appris vendredi de sources syndicales. Lors du premier tour des élections des membres titulaires des CSE, achevé ce vendredi – sur lequel est basé le calcul de la représentativité syndicale –, la CGT a obtenu 8 261 voix (31,78 %), alors que FO, cinquième aux précédentes élections, mais renforcée au printemps par l’arrivée de militants d’autres formations, en a raflé 27,60 %, selon ces sources syndicales.

«Nous sommes très satisfaits, réagit auprès de Libération Bertrand Hammache, secrétaire général de la CGT RATP. On redevient la première force avec 2 285 voix en plus par rapport aux élections de 2018 et on est devant la deuxième formation, qui est une coalition de quatre organisations, par plus de 1 000 voix.» La CGT a notamment vu ses voix doubler parmi les agents des centres bus. Pour Bertrand Hammache, le syndicat «est une valeur refuge pour une partie des salariés. Et avec toutes les dernières mobilisations, notamment après notre solidarité lors de la mobilisation contre la réforme des retraites, ils ont confiance en nous.»

«FO RATP est là et sera là !»

Derrière les trois leaders, la CFE-CGC recueille, elle, 7,74 %. Si ce dernier se classe sous la barre des 10 % des suffrages (seuil de la représentativité), il reste représentatif en tant que syndicat catégoriel, ayant remporté 31,70 % des voix dans l’encadrement. Viennent ensuite les syndicats SAT (4,04 %), Solidaires (2,99 %), La Base (1,90 %) et CFDT (0,97 %). Après calcul de la représentativité sur la base des voix remportées par les seuls syndicats représentatifs, la CGT est créditée de 35,28 %, FO pèse 30,64 %, l’Unsa s’adjuge 25,49 % et la CFE-CGC remporte 8,60 %.

«FO RATP est là et sera là !» s’est de son côté félicité le secrétaire général de Force ouvrière, Yves Veyrier. Avec ce scrutin, ce syndicat rejoint le camp des organisations syndicales représentatives de la régie. FO «fait un carton» à la RATP, a salué dans un communiqué la fédération FO Transports et Logistique. Aux élections de 2018, ce syndicat n’avait obtenu que 6,86 % des voix au premier tour. Mais en avril, une partie des militants de l’Unsa-RATP, dont l’un de ses secrétaires généraux adjoints, avait rejoint FO, qui avait aussi gagné des militants de SUD et du Rassemblement syndical, un syndicat maison.

«Cheval de Troie de la privatisation»

«Après avoir regroupé quatre organisations syndicales en une sur l’étiquette FO Groupe RATP» et «refondu le syndicat pour être au service des salariés», FO «redevient un syndicat représentatif» au sein de la régie, se félicite la fédération FO Transports et Logistique. Certains au sein de la RATP s’interrogent en revanche sur l’équilibre de cette coalition hétéroclite une fois les premiers dossiers majeurs sur la table, notamment l’ouverture à la concurrence, qui concernera des bus aux lignes de RER en passant par le métro dans les vingt prochaines années.

Première des élections précédentes, en 2018, où elle avait détrôné la CGT d’une très courte tête, l’Unsa est la grande perdante avec sa troisième place (22,96 % des voix). «Evidemment, nous sommes déçus, mais il faut accepter les chiffres», a concédé Thierry Babec, secrétaire général de l’Unsa-RATP. Selon la CGT, la chute de ce leader du «bloc réformiste» s’explique aussi bien par l’issue des dernières négociations – conditions de travail de machinistes, grilles de rémunération, 13e mois – que par l’angoisse des salariés sur l’avenir proche de la RATP : «Ce que viennent de comprendre les agents RATP, c’est que l’ouverture à la concurrence est un cheval de Troie de la privatisation, assure Bertrand Hammache. Beaucoup d’agents ont pensé que c’était la seule affaire des machinistes, mais la RATP a des projets qui concernent un socle beaucoup plus large de salariés, notamment toutes les fonctions supports, pour lesquelles il pourrait y avoir filialisation.» Et quand on l’interroge sur les sujets prioritaires, le secrétaire général de la CGT RATP en remet une couche, sans hésitation : «L’ouverture à la concurrence est le sujet majeur.»