Nouveau test pour François Bayrou. Après avoir échappé à la motion de censure jeudi 16 janvier, le Premier ministre donne ce vendredi le coup d’envoi des négociations entre partenaires sociaux afin de trouver des points d’amélioration à la controversée réforme des retraites votée sous Elisabeth Borne. Les partenaires sociaux se sont retrouvés au ministère du Travail dès 11 heures sous la présidence du Premier ministre. Une première victoire pour le centriste : plusieurs syndicats, deux ministres et ses propres services avaient estimé, au lendemain de la déclaration de politique générale, que les délais étaient trop courts pour entamer ces négociations dès la fin de la semaine.
L’évaluation financière de la Cour des comptes attendue le 19 février
La réunion confirmée, ce sont ses modalités qui ont interpellé dans un premier temps. «Ça évolue au fil des heures et c’est assez déstabilisant», remarquait jeudi matin sur France Inter le président du Medef Patrick Martin. «Tout ça n’est pas très bien organisé», cinglait auprès de l’AFP une source syndicale.
Foin de ces remarques pour le Premier ministre, qui a pris la parole en début de réunion, vendredi matin. Répétant la «confiance au dialogue social» dont il témoignait via cette réunion, il y a vu «un choix d’importance pour l’avenir». «Le système de retraites concerne toute la Nation et pas seulement ceux qui sont dans un régime particulier, a-t-il encore poursuivi. Toutes les questions sont ouvertes, y compris celles qui traitent de la gouvernance.»
L’optimisme est de rigueur, puisque c’est dans cette réunion que le nouveau locataire de Matignon a trouvé les moyens d’échapper jeudi à la censure des socialistes : «Remettre ce sujet [des retraites] en chantier avec les partenaires sociaux», assorti d’un retour au Parlement quoi qu’il en soit, avait annoncé François Bayrou entre mardi et jeudi, au prix de longues palabres avec les roses, sans pour autant accéder à leur première exigence : «suspendre» la très controversée réforme des retraites en vigueur.
Matignon a estimé la durée des travaux à trois mois. Des travaux dont les débuts seront fixés à partir du 19 février, jour fixé en début de réunion par le Premier ministre pour la restitution d’une mission «flash» confiée à la Cour des comptes sur le financement du système de retraites, qui doit elle-même durer «quelques semaines», selon le président de la juridiction Pierre Moscovici. Un calcul lui-même controversé, François Bayrou jugeant que le poids des retraites dans le déficit est bien plus lourd que celui calculé par le Conseil d’orientation des retraites, rattaché à Matignon. Le Béarnais espère pourtant «un constat» fondé sur «des chiffres indiscutables». La mission revêt d’autant plus d’importance qu’il s’est fixé une exigence : ne pas «dégrader l’équilibre financier» du système, a prévenu François Bayrou.
Les syndicats unis sur le refus des 64 ans… et c’est tout
Partant, le Modem n’a «aucun tabou», pas même le retour sur l’âge de départ de 64 ans, qui avait concentré les critiques en 2023. Ce qui ne manquera pas de créer des tensions entre le patronat, qui refuse de revenir dessus et souhaite la mise en place d’un régime par capitalisation, et les syndicats. Ces derniers, réunis en intersyndicale jeudi après-midi, ont rappelé «unanimement leur refus du report de l’âge de départ à 64 ans», selon Julie Ferrua, co-déléguée générale de Solidaires.
Interview
Mais le front uni pourrait bien s’effriter vite, alors que les partenaires sociaux ont pour la première fois la main sur le dossier d’une réforme adoptée par 49.3 malgré des dizaines de manifestations : «On a fait une intersyndicale parce qu’on a mené un combat contre la retraite à 64 ans, mais il n’y aura pas d’intersyndicale pour mener un projet», prophétise un leader syndical auprès de l’AFP. «Nous ne sommes pas du tout d’accord sur le fond.»
Mise à jour le 17 janvier à 13 heures avec l’annonce de la date de rendu de la mission flash de la Cour des comptes.