On n’y comprend que pouic. Annoncée pour vendredi par François Bayrou pendant son discours de politique générale mardi 14 janvier, puis retoquée par la CGT et des responsables syndicaux dès mercredi, la réunion des partenaires sociaux pour entamer les négociations en vue d’une alternative à la réforme des retraites de 2023 aura finalement bien lieu ce vendredi à 11 heures, présidée par le Premier ministre, a fait savoir une source du gouvernement dans la matinée, mercredi 15 janvier. C’est que l’affaire avait rapidement pris du plomb dans l’aile. Invitée de RTL mercredi matin, Sophie Binet s’était chargée du premier tir : elle avait été informée «quinze minutes avant» que la réunion de cadrage «n’aura[it] pas lieu». Un bien mauvais départ pour cette «remise en chantier» annoncée par le Premier ministre, en présence des «représentants de chaque organisation».
«C’est exclusivement une question d’agenda», avait commenté la ministre du Travail Catherine Vautrin, interrogée sur BFMTV dans la foulée. «Vendredi matin, le Premier ministre va déjà écrire à l’ensemble des partenaires sociaux pour présenter la méthode et ensuite il réunira les partenaires sociaux», a confirmé la ministre sans pour autant avancer de calendrier. «Viendront ceux qui veulent venir», a-t-elle ajouté, tout en estimant que «l’intérêt c’est que chacun vienne […] parce que nous parlons de l’avenir du pays».
A lire aussi
«La ministre du Travail m’a appelé vers 8 heures pour me prévenir et me dire qu’on recevrait vendredi un courrier d’invitation», a précisé auprès de l’AFP un autre leader syndical, qui ne se dit «pas mécontent». «J’ai été surpris d’apprendre en direct hier [mardi lors du discours de François Bayrou à l’Assemblée] qu’il y aurait une réunion et qu’il fallait être disponible 48 heures plus tard», a-t-il poursuivi.
«On ne peut pas non plus convoquer les personnes en moins de 72 heures», avait de son côté souligné la ministre Astrid Panosyan-Bouvet sur France Info, faisant valoir que «les responsables syndicaux et patronaux de notre pays ont aussi des agendas chargés». Elle a assuré que cette réunion aurait lieu «très prochainement avec l’ensemble des partenaires sociaux pour fixer précisément les règles du jeu».
Astrid Panosyan-Bouvet avait aussi précisé que «la réunion sera dirigée par un tiers de confiance : un expert, un garant de la négociation quelqu’un qui peut susciter la confiance» et a demandé «aux partenaires sociaux de (lui) proposer quelques noms».
«Travailler autour de la même table»
L’objectif de la première rencontre voulue par François Bayrou à Matignon était de proposer aux organisations syndicales et patronales «de travailler autour de la même table, de s’installer dans les mêmes bureaux ensemble pendant trois mois, à dater du rapport de la Cour des comptes» qui doit établir, par une «mission flash», «l’état actuel et précis du financement du système de retraites».
Sans abroger ou suspendre la très controversée réformée adoptée au forceps en 2023, François Bayrou a promis que la négociation se tiendrait «sans aucun totem et sans aucun tabou, pas même l’âge de la retraite, les fameux 64 ans, à condition qu’elle réponde à l’exigence fixée» dont la maîtrise du déficit. Le Premier ministre a toutefois menacé : si les partenaires sociaux ne trouvent pas d’accord, c’est la réforme actuelle qui s’appliquera bien.
François Bayrou est «persuadé» que les partenaires sociaux vont arriver à un accord sur les retraites, et donc qu’il y aura une loi à voter à l’issue comme le réclament les socialistes, a-t-on déclaré toutefois ce mercredi dans l’entourage du Premier ministre. Les socialistes ont cependant demandé, comme prix de leur non-censure du gouvernement, que le Parlement soit saisi même en cas d’échec des négociations sociales.
Mise à jour : à 9h36, avec l’ajout de la déclaration de l’entourage de François Bayrou ce mercredi matin et à 12h13 avec l’annonce du maintien de la réunion par Matignon.