On connait désormais la répartition. «Environ un tiers» des 313 supermarchés et hypermarchés du groupe Casino «devraient être repris par Auchan, les deux autres tiers par Intermarché», selon les informations de l’intersyndicale. Cette annonce a été faite jeudi 4 janvier à l’issue d’une réunion avec la direction et le représentant du consortium de reprise, Philippe Palazzi, au siège social de l’entreprise à Saint-Etienne.
Casino doit se séparer de 313 magasins dans le cadre de la restructuration de sa dette. Après une valse entre les multiples repreneurs potentiels, à laquelle ont notamment participé Lidl ou Carrefour, ce sont finalement Auchan et Les Mousquetaires /Intermarché qui ont emporté la mise. Le 18 décembre dernier, les deux géants de la distribution sont entrés «en négociations exclusives» avec le distributeur stéphanois pour que ce dernier cède «la quasi-totalité» de son parc de magasins de grande taille, qui pèsent, selon Casino, quelque 3,6 milliards d’euros hors taxes et hors essence.
Selon un communiqué publié en décembre, les repreneurs assuraient que «l’ensemble des salariés des magasins transférés seraient repris» mais ces derniers restent inquiets sur leur avenir dans l’entreprise, notamment ceux qui travaillent au siège social à Saint-Etienne. «On va essayer de sauver le maximum de salariés. Ici au siège, on estime que 1 000 à 1 200 personnes vont se retrouver sur le carreau», a essayé de rassurer le représentant syndical CGT de Casino Jean Pastor. «Ce qui nous importe c’est d’aller sur le social, d’accompagner nos collègues et de sauvegarder l’emploi», a renchéri son homologue de FO, Nathalie Devienne.
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Les deux porte-parole de l’intersyndicale (FO, CGT, CFDT, UNSA, CFE-CGC) s’exprimaient à l’issue d’une réunion avec la direction «Du côté des pouvoirs publics, on attend toujours une réponse de l’Élysée. On a demandé à rencontrer le ministre du Travail, Olivier Dussopt, qui en a accepté le principe», a ajouté le cégétiste. De son côté, Bruno Le Maire avait signalé fin décembre qu’il avait échangé avec les dirigeants d’Intermarché et d’Auchan pour assurer la préservation de l’emploi des salariés. «J’ai reçu hier les dirigeants d’Intermarché et d’Auchan. […] Ils ont pris des engagements et je veillerai à ce que ces engagements soient tenus», avait affirmé le Ministre de l’économie.
Plombé par une dette de près de 10 milliards d’euros et des résultats négatifs (2,3 milliards de pertes, pour 11 milliards de chiffre d’affaires au premier semestre 2023), Casino a signé en juillet un accord prévoyant la restructuration de cette dette et un changement d’actionnariat à horizon mars – avril 2024. C’est le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky (créancier de Libération), le Français Marc Ladreit de Lacharrière et le fonds britannique Attestor, qui doivent en prendre les commandes à cette date.
Les administrateurs judiciaires avaient indiqué avoir convoqué actionnaires et créanciers «pour se prononcer» d’ici au 11 janvier «sur les projets de plan de sauvegarde accélérée». Une décision est attendue sur le projet d’augmentation de capital par les candidats à la reprise, qui va fortement diluer les actionnaires actuels. Le plan prévoit aussi un fort écrasement de la dette, autour de 5 milliards d’euros. Fin 2022, le Groupe Casino comptait 200 000 salariés dans le monde, dont 50 000 en France, sous des enseignes telles que Monoprix, Franprix ou Pao de Açucar au Brésil, leur sort n’est pas encore scellé.