A Port-Jérôme-sur-Seine (Seine-Maritime), devant l’entrée principale, la fumée vire au noir et la lumière flamboie au petit matin grâce aux pneus brûlant devant le piquet de grève. L’odeur pique. Il fait encore nuit et la raffinerie semble fantomatique, enrobée de nuages blafards. Une plainte ininterrompue résonne, celle de l’eau sous haute pression qui refroidit les machines. Depuis 6 heures ce mercredi, au vingt-troisième jour du mouvement social paralysant la raffinerie de Notre-Dame-de-Gravenchon, on attend un ennemi invisible : les réquisitions.
«On les attendait hier soir, puis ce matin, et pour l’instant il n’y a toujours rien», témoigne Reynald Prévost, coordinateur à Gravenchon pour le syndicat Force ouvrière ExxonMobil. Alors que la plupart des grévistes ont pris leur quart pour assurer la sécurité du site, il y a déjà plus de journalistes que de syndicalistes au soleil levant. Tous guettent la longue route qui traverse le site d’Esso-ExxonMobil. Les hommes en veste rouge grognent contre «une atteinte au droit de grève». L’annonce par Elisabeth Borne des réquisitions de personnels pour débloquer les dépôt