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Reportage

Retraites : à Marseille, «plus on vieillit, moins on a de salaire, en fait»

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Dans le défilé marseillais contre la réforme des retraites, des travailleurs témoignent de la pénibilité de leur emploi, qu’ils n’imaginent pas exercer deux ans supplémentaires.
Sur le Vieux Port de Marseille, ce mardi. (Patrick Gherdoussi/Libération)
par Stéphanie Harounyan, correspondante à Marseille
publié le 7 février 2023 à 16h25

Lundi soir, à la va-vite, Rose a scotché de l’adhésif sur son gilet jaune pour y écrire «Atsem en colère». Ce mardi matin, c’est la troisième fois qu’elle rejoint la mobilisation marseillaise avec sa collègue Isabelle, elle aussi Atsem (agente territoriale spécialisée des écoles maternelles) dans un établissement de Pertuis, près d’Aix. Pour l’heure, le cortège n’a pas encore démarré et les manifestants se jaugent. «Quand même, il y a encore du monde», estime Rose, alors que sur l’esplanade du Vieux Port, les premiers arrivés tentent surtout de dompter le mistral, énervant. Rose a 47 ans et n’officie comme Atsem que depuis trois ans. Mais déjà, malgré la «passion», la fatigue lui parle. «On nous demande de plus en plus de tâches, déplore-t-elle. Notre fonction de base, c’est d’assister les enseignants, mais on se retrouve à mener des ateliers, des fois on nous confie des évaluations… Et puis physiquement, c’est surtout en fin de semaine qu’on le sent. Les bras, les jambes, le dos…» Isabelle intervient : «Vous avez déjà vu une table de maternelle ? On passe une partie de notre journée penchée, on court toute la journée. Alors deux ans de plus, c’est non !»

Cadences «infernales»

Dans le cortège qui commence son parcours, Annabel, 43 ans, por