Parfois, dans les discours, les mots ne collent pas au contenu. Ceux employés par Elisabeth Borne lors de la présentation du projet de la réforme des retraites et repris en boucle depuis par les membres de la majorité, en donnent une nouvelle illustration. «Je suis bien consciente que ce n’est neutre pour personne», a déclaré la Première ministre, répétant que cette réforme était un «projet de justice» et de «solidarité». Pourtant, une catégorie de la population n’est appelée à fournir aucun effort pour résorber le déficit anticipé (12 milliards d’euros en 2027 et 15 milliards en 2032, selon l’un des scénarios du Conseil d’orientation des retraites) : les 17 millions de personnes qui ont déjà liquidé leur retraite.
Si le projet gouvernemental est voté en l’état par le Parlement, la plupart de ceux qui travaillent devront cotiser plus longtemps, à la fois à cause de l’allongement plus rapide que prévu de la durée de cotisation pour atteindre 43 annuités et du passage de 62 à 64 ans de l’âge légal de départ. Les seules mesures qui concer