Pas de miracle à espérer du côté des salaires en ce début d’année, mais peut-être quelques «primes Macron» dans les petites entreprises. Les entreprises de plus de 250 salariés, quant à elles, voient considérablement se réduire les aides à l’embauche d’un apprenti.
Salaire minimum : pas de nouvelle hausse en janvier
Le contraire aurait été étonnant. Bien sûr, il y a eu comme chaque année un rapport du groupe d’experts sur le smic recommandant de ne pas accorder de «coup de pouce» au salaire minimum, actuellement de 11,88 euros brut de l’heure et 1 426 euros net pour un temps plein mensuel. Mais surtout, le smic a déjà été revalorisé de 2 % en novembre, de manière anticipée, par le gouvernement de Michel Barnier. Aussi, l’administration indique sur son site internet que «le salaire minimum ne sera donc pas revalorisé de nouveau automatiquement au 1er janvier 2025». La prochaine revalorisation aura donc lieu le 1er janvier 2026, sauf à ce que l’inflation constatée pour les 20 % de ménages ayant les plus faibles revenus dépasse les 2 % en cours d’année… ou qu’un gouvernement en décide autrement.
Partage de la valeur : les petites entreprises sont censées s’y mettre, mais sans risque de sanction
C’est la dernière étape d’une loi adoptée en novembre 2023, qui elle-même transposait un accord national interprofessionnel conclu entre le patronat et quatre syndicats sur cinq (la CGT faisant exception). A compter de ce mercredi 1er janvier, les entreprises de 11 à 49 salariés qui ont réalisé, pendant trois années consécutives, un bénéfice net fiscal d’au moins 1 % de leur chiffre d’affaires, sont censées mettre en place un dispositif de partage de la valeur pour leurs salariés. Jusqu’à 1,5 million de travailleurs sont théoriquement concernés.
Trois options se présentent à elles : créer un accord d’intéressement ou de participation, abonder un plan d’épargne salariale, ou verser une «prime de partage de la valeur», nouveau nom de la «prime Macron» apparue en 2019 pour répondre à la crise des gilets jaunes. Cette dernière option devrait être, au moins dans un premier temps, la plus populaire, car elle peut être appliquée unilatéralement par l’employeur, qui fixe librement son montant et bénéficie d’une exonération de cotisations jusqu’à 3 000 euros ou 6 000 euros pour les salariés touchant moins de trois fois le smic.
La disposition est pour l’instant mise en œuvre de manière expérimentale sur cinq ans, et n’est assortie d’aucune sanction en cas de non-respect.
Apprentissage : l’aide de l’Etat rabotée
Ce n’est pas la fin de l’abondance, pour paraphraser Emmanuel Macron en août 2022, mais la source des aides à l’apprentissage va perdre un peu de son débit. Jusqu’à présent, la prime à l’embauche d’un apprenti atteignait 6 000 euros maximum, quels que soient la taille de l’entreprise et le niveau de diplôme visé (jusqu’à bac + 5). En 2025, cette aide sera réduite à 5 000 euros pour les entreprises de moins de 250 salariés, et 2 000 euros pour celles de plus de 250 salariés, a annoncé le ministère du Travail lundi en fin de journée. Un décret à paraître dans le courant du mois de janvier entérinera la mesure, qui prévoit par ailleurs que l’embauche d’un apprenti en situation de handicap reste soutenue à hauteur de 6 000 euros. Dans l’intervalle, à compter de ce mercredi 1er janvier, l’aide de 6 000 euros maximum pour tout nouveau contrat ne pourra être versée que pour les contrats d’apprentissage concernant «la préparation d’un titre ou diplôme jusqu’au niveau baccalauréat (bac + 2 pour les Outre-Mer)» et «uniquement pour les entreprises de moins de 250 salariés», indique le ministère du Travail sur son site internet. Il reste à voir juridiquement si les entreprises qui concluront un contrat entre le 1er janvier et l’entrée en vigueur des nouvelles règles pourront faire valoir ces dernières rétroactivement.
Avec cette annonce, le gouvernement solde à la dernière minute un sujet qui traînait depuis la présentation du budget 2025 par le gouvernement Barnier. La générosité qui prévalait jusqu’à maintenant dans le versement des aides à l’apprentissage a permis de faire exploser les contrats ces dernières années, jusqu’à atteindre 850 000 signatures en 2023. Mais tandis que le taux d’activité des jeunes s’en est retrouvé – artificiellement, déplorent certaines voix critiques – gonflé (pour atteindre 42,5 % en 2023), cette politique a aussi coûté près de 14 milliards d’euros en 2022 et suscité des effets d’aubaine reconnus dans une «revue de dépenses» commandée par le gouvernement d’Elisabeth Borne. Le gouvernement Barnier, qui souhaitait économiser 1,2 milliard d’euros sur 2025, envisageait un coup de rabot général sur la prime, qui aurait été réduite à 4 500 euros. Et puis, pour cause de censure, aucun arbitrage n’avait été rendu. Selon le ministère du Travail, la décision annoncée lundi représente elle aussi une économie de 1,2 milliard d’euros.