Pour les salaires, pour l’abrogation de la réforme des retraites, ou encore «contre la trumpisation du monde» : les organisations syndicales appellent à battre le pavé en ce 1er Mai, mais la mobilisation, ce jeudi, se tient sans unité large.
«Depuis trois mois, on entend en boucle la question de la guerre, la question de la dette, la question de l’insécurité, la question de l’immigration mais plus jamais les questions sociales», déplore ce jeudi matin la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, sur France Info.
Pour la Journée internationale des travailleurs, son syndicat a appelé avec la FSU, Solidaires et des organisations de jeunesse (Union étudiante, Unef, Fage, USL) à défiler «contre l’extrême droite, pour la paix, les libertés et la justice sociale». Au total, plus de 260 rassemblements sont prévus en France.
A Nouméa, premier à célébrer le 1er Mai, où le défilé a été interdit cette année, une centaine de militants et sympathisants de l’Union syndicale des travailleurs kanaks et exploités, indépendantiste (USTKE) se sont rassemblés sur une plage. Mélanie Atapo, la présidente de l’USTKE, se dit «préoccupée […] face à la détresse sociale et économique de nos populations salariés».
«Contre la trumpisation du monde»
En métropole, les cortèges s’élanceront dans la matinée, comme à Marseille, Lille, Bordeaux, Strasbourg ou Dunkerque, où des responsables de gauche, comme Marine Tondelier (Ecologistes), François Ruffin (ex-LFI) ou Boris Vallaud (PS) sont attendus pour protester contre le plan du sidérurgiste ArcelorMittal prévoyant la suppression d’environ 600 postes. A Paris, la manifestation doit partir à 14 heures de la place d’Italie vers la place de la Nation.
Cent jours après l’arrivée de Donald Trump au pouvoir, la CGT, la FSU et Solidaires veulent aussi faire de cette journée un temps fort «contre la trumpisation du monde et l’internationale réactionnaire qui se développe partout», selon Thomas Vacheron, cadre de la CGT.
Ces organisations ont ainsi convié des syndicalistes internationaux (américain, belge, argentin, notamment), dont Esther Lynch, secrétaire générale de la Confédération européenne des syndicats, à se joindre au défilé parisien.
«Le sang et les larmes»
Ce rendez-vous traditionnel se tient au moment où le gouvernement apporte son soutien à une proposition de loi visant à autoriser certaines professions à faire travailler les salariés le 1er Mai – seul jour férié et chômé en France –, une journée acquise «dans le sang et dans les larmes des ouvriers», rappelait cette semaine Sophie Binet.
«Il y a des gens qui ont envie de travailler dans le pays et quand ils sont sur une base volontaire, avec un doublement de salaire, ils doivent pouvoir le faire», a pour sa part jugé ce jeudi matin sur RTL la ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet.
Analyse
Il faut qu’«on laisse [la loi] telle qu’elle est, et surtout que les politiques aient le réflexe de ne pas uniquement aller voir les employeurs et qu’ils s’intéressent un petit peu aux conditions de travail. Cela leur ferait du bien», a jugé la leader de la CFDT, Marylise Léon, sur TF1-LCI, avant de participer à une table ronde sur le travail avec son homologue de l’Unsa, Laurent Escure, dans le centre de Paris.
Après une très forte affluence en 2023 pour le défilé du 1er Mai (entre 800 000, selon les autorités et 2,3 millions, selon la CGT), marquée par une unité syndicale en pleine opposition à la réforme des retraites, la mobilisation devrait attirer cette année 100 000 à 150 000 personnes dans toute la France, selon une source policière.