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Reportage

Vallée de la Tarentaise : «Cette crise révèle l’hyperdépendance au ski alpin»

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Une saison en hiverdossier
Des Arcs, célèbres pour leurs pistes, à Pralognan-la-Vanoise, qui a gardé son caractère de village de montagne, les stations tentent de diversifier leur offre afin d’attirer des vacanciers malgré la fermeture des remontées.
Malgré la fermeture des remontées mécaniques, les vacanciers investissent le bas du domaine pour profiter de la neige, à Arc 1800, jeudi. (Etienne Maury/Hans Lucas pour Libération)
par François Carrel, correspondant à Grenoble et photos Etienne Maury. Hans Lucas
publié le 8 février 2021 à 6h55

Parkings enneigés quasi déserts, accès et coursives des immeubles vides, étrange silence en l’absence du bruit de fond des remontées mécaniques… L’arrivée à Arc 1800, l’un des quatre îlots urbains isolés qui constituent ensemble les Arcs, donne le ton en ce début février : c’est très calme. La station de Haute Tarentaise, l’une des plus grandes des Alpes françaises, n’est pas déserte pour autant : sur le front de neige du Charvet, au cœur d’Arc 1800, des centaines de vacanciers sont là. Certains déambulent en raquette, quelques courageux remontent les pistes skis sur l’épaule. L’ambiance est décontractée : des jeunes improvisent une pétanque avec des boules de neige devant un télésiège qui n’a plus tourné depuis le 15 mars 2020, d’autres s’esclaffent, verres en main, sur la terrasse sans tables du Madly, l’un des rares bars-restaurants resté en activité.

La patronne, Audrey Brunel, a les traits tirés mais sourit : «Si je n’ai pas fermé, c’est pour accueillir les clients venus malgré tout. Presque tous nous remercient d’être là, de leur faire à manger. Ils sont hyper contents alors je ne regrette pas.» Elle n’a embauché que cinq de ses dix saisonniers habituels, réduit sa carte de moitié pour proposer burgers, crêpes et plats du jour à emporter. Ce jour-là, elle a servi une centaine de couverts, contre 250 en temps normal ; elle n’a aucune visibilité sur le résultat de sa saison. Elle s’avoue usée par les incertitudes et le fait de devoir annoncer tous les quinze jours