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Industrie

Vencorex : le tribunal de commerce de Lyon offre un sursis de six mois à l’usine de chimie

Ce jeudi 6 mars, le tribunal a décidé de ne pas liquider tout de suite l’usine de chimie iséroise. Salariés et syndicats veulent profiter de cette «prolongation de la période d’observation» pour monter leur projet de reprise via une coopérative.
Une manifestation à l'usine Vencorex au Pont-de-Claix (Isère), le 30 octobre 2024. (Benoit Pavan/Benoit Pavan)
publié le 6 mars 2025 à 17h08

Les salariés de Vencorex peuvent souffler. Ce jeudi 6 mars, le tribunal de commerce de Lyon a décidé de ne pas liquider tout de suite l’usine de chimie située au Pont-de-Claix, en Isère. La justice a accordé un délai supplémentaire de six mois à l’entreprise en redressement judiciaire, avec une audience intermédiaire le 3 avril. Son sort inquiète élus locaux et industriels du secteur, selon la CGT. Un peu de sursis pour les 450 employés du site, qui joue un rôle central pour la chimie régionale, à qui elle fournit des produits utilisés ensuite comme matières premières, dont du sel.

La «prolongation de la période d’observation» décidée par le tribunal administratif va permettre aux salariés et aux syndicats de travailler sur leur proposition de reprise via une société coopérative. La FNIC CGT (CGT Chimie) espère en effet encore «sauver» l’entreprise. Dans une lettre ouverte au Premier ministre, la secrétaire générale de la centrale, Sophie Binet, et le secrétaire général de la CGT-chimie, Serge Allègre, ont annoncé «porte[r] le projet de continuité de Vencorex au travers de la mise en place» d’une «société coopérative d’intérêt collectif». Cette coopérative associerait «salariés, organisations syndicales, élus, clients et fournisseurs», selon Serge Allègre.

Fleuron de la chimie française

Vencorex, fleuron de la chimie française, a été rattrapé ces derniers mois par la concurrence agressive du groupe chinois Wanhua, qui a cassé les prix dans le secteur. Après le placement en redressement judiciaire de l’entreprise en septembre 2024, seule une offre de reprise du même Wanhua, via une de ses filiales, avait été soumise, mais elle ne prévoyait la sauvegarde que d’environ 5 % des emplois.

Depuis décembre, les élus de la région, appuyés par des parlementaires et les responsables des principaux partis de gauche, réclamaient une «nationalisation temporaire» de l’usine afin d’éviter son démantèlement et une perte de souveraineté pour des secteurs comme le nucléaire ou le spatial. Un scénario écarté par François Bayrou, qui a jugé dans un courrier du 21 février que l’activité de Vencorex n’était «pas viable selon tous les scénarios étudiés».

Après l’allocution d’Emmanuel Macron à 20 heures mercredi soir, qui a notamment assuré avoir «demandé au gouvernement» d’accélérer «la réindustrialisation dans nos régions», la députée LFI Mathilde Panot a ainsi fustigé un double discours de l’exécutif : «Il parle de réindustrialisation mais laisse mourir Vencorex.»