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Libération
Dégradation

Standard & Poor abaisse d’un cran la note de la France, incertitude «élevée» sur les finances publiques

Il s’agit, vendredi 17 octobre au soir, de la deuxième dégradation en un an et demi de l’agence de notation, et ce «malgré la présentation cette semaine du projet de budget 2026». Une décision motivée par l’instabilité politique française.

(Lionel Bonaventure/AFP)
Publié le 17/10/2025 à 23h26

Et de deux. Après Fitch le 12 septembre dernier, S & P Global Ratings a, à son tour, décidé de priver la France d’une lettre. Ce vendredi 17 octobre l’agence de notation américaine (anciennement Standard & Poors) - dont la révision était attendue pour le 28 novembre - a elle aussi abaissé la note de crédit de la France à A + contre AA-. L’hexagone se retrouve ainsi au niveau de l’Espagne, du Japon, du Portugal et de la Chine.

La pire période d’instabilité depuis le début de la Ve République

Une dégradation motivée par l’instabilité politique persistante et les incertitudes budgétaires qui pèsent sur le pays. Et la présentation cette semaine du projet de budget de 2026 par le gouvernement Lecornu II n’a rien changé à l’affaire.

«Selon nous, l’incertitude sur les finances publiques demeure élevée à l’approche de l’élection présidentielle de 2027. La décision du nouveau gouvernement de suspendre la réforme historique des retraites, initialement inscrite dans la loi de 2023, en est un exemple», souligne ainsi l’agence dans son communiqué. Tout en pointant que la France traverse «sa pire période d’instabilité depuis le début de la Ve République», avec «un turn-over de six Premiers ministre» depuis la réélection d’Emmanuel Macron en 2022.

Cette situation politique pourrait, selon S & P, peser sur l’économie française en freinant l’investissement, la consommation privée et la croissance. L’agence anticipe désormais que «la dette publique brute atteindra 121 % du PIB en 2028, contre 112 % du PIB à la fin de l’année dernière».

Réagissant à cette deuxième dégradation par S & P en un an et demi, le ministre de l’Economie, Roland Lescure, a dit «[prendre] acte» de cette décision. «Le gouvernement confirme sa détermination à tenir l’objectif de déficit de 5,4 % du PIB pour 2025», a ajouté son ministère dans une déclaration transmise à l’AFP.

Assainissement budgétaire plus lent que prévu

Selon S & P, si cet «objectif de déficit public de 5,4 % du PIB en 2025 sera atteint […] en l’absence de mesures supplémentaires significatives de réduction du déficit budgétaire, l’assainissement budgétaire sur (son) horizon de prévision sera plus lent que prévu».

A Bercy en revanche, on maintient le cap. «Pour 2026, le gouvernement a déposé ce mardi 14 octobre un projet de budget qui vise à accélérer la réduction du déficit public à 4,7 % du PIB tout en préservant la croissance», a répondu le ministère de l’Economie. «Il s’agit d’une étape clef qui nous permettra de respecter l’engagement de la France à ramener le déficit public sous 3 % du PIB en 2029», a ajouté Bercy alors que l’engagement de Sébastien Lecornu de ne pas recourir au 49.3 rend hypothétique la tenue de cette cible de réduction du déficit au terme des débats parlementaires.

Avant l’arrivée du projet de loi de finances(PLF) à l’Assemblée la semaine prochaine, Bercy met la pression : «Il est désormais de la responsabilité collective du gouvernement et du Parlement de parvenir à l’adoption d’un budget qui s’inscrit dans ce cadre, avant la fin de l’année 2025», insiste le ministère.

Le 24 octobre prochain - jour de l’arrivée du projet de loi de finances pour 2026 dans l’hémicycle - ce sera au tour de l’agence Moody’s de rendre sa décision sur la note de la France.