L’influente agence de notation S & P Global Ratings «a décidé de maintenir» la note de la dette de la France, s’est réjoui vendredi 1er décembre au soir le ministre de l’Economie Bruno Le Maire. La note AA qu’elle lui donne actuellement est équivalente au Aa2 de Moody’s. Fitch est un cran en dessous avec AA-, après avoir abaissé la note en avril. Mais là où Moody’s attribue une perspective «stable» à sa note, S & P a une perspective négative aux allures d’épée de Damoclès.
Interview
Vendredi, cette épée ne s’est pas abattue sur les finances publiques françaises, malgré un contexte de taux d’intérêt élevés. S & P a dit vendredi avoir anticipé «une diminution de la dette publique en pourcentage du PIB à partir de 2025, quoique très progressivement», et estimé que «la répercussion de la hausse des coûts d’emprunt due aux taux d’intérêt élevés sera progressive».
Les experts de l’agence estiment toutefois qu’il existe toujours «des risques importants qui pourraient, s’ils se réalisaient, réduire encore davantage la flexibilité budgétaire de la France», citant par exemple des «conditions de financement plus strictes» ou «une fragmentation politique accrue» qui compliquerait la mise en œuvre des politiques.
«Déterminés à réduire les dépenses publiques»
«Plus que jamais, nous restons déterminés à réduire les dépenses publiques et à accélérer le désendettement de la France», a réagi Bruno Le Maire dans un message sur X (ex Twitter), jugeant qu’il en allait «de notre indépendance et du respect de nos engagements nationaux et européens». A ses yeux, le maintien de la note de la France est une décision «cohérente avec les choix du gouvernement en matière de finances publiques».
«Je prends le maintien de la note de la France comme un signal positif, qui nous encourage à garder le cap sur notre trajectoire de finances publiques», a de son côté réagi dans un communiqué le député (Renaissance) Jean-René Cazeneuve, rapporteur général du budget.
Malgré une contraction de 0,1 % de l’activité économique de la France au troisième trimestre, Bruno Le Maire continue de tabler sur une croissance de 1 % cette année, puis de 1,4 % en 2024.
Analyse
La Commission européenne a prévenu en novembre que la France risquait de ne pas être dans les clous en 2024, et une peu glorieuse procédure de déficit excessif pourrait viser le pays en juin prochain.
Bruno Le Maire avance actuellement des propositions pour assurer le plein emploi et alléger les dépenses publiques, comme l’abaissement de la durée d’indemnisation des chômeurs de plus de 55 ans. Selon un conseiller gouvernemental, une dégradation équivaudrait à «une remise en cause du bilan sur la politique économique de la France».