Le fabricant de semi-conducteurs STMicroelectronics a annoncé aux représentants de ses salariés, à l’occasion d’un comité social et économique (CSE) mardi 28 avril, la suppression d’environ 1 000 postes en France. Un projet mis en œuvre «sur la base du volontariat», selon un communiqué partagé à Ici Touraine. «Il n’y aura aucun départ contraint et aucun site ne sera fermé dans le cadre de ce projet», assure ainsi l’entreprise.
Deux semaines plus tôt, le 10 avril, le groupe avait déjà annoncé son intention de supprimer jusqu’à «jusqu’à 2 800» emplois sur ses quelque 50 000 salariés à travers le monde. En France, l‘entreprise compte 11 500 salariés répartis sur différents sites, principalement à Grenoble et à Crolles (Isère).
Sandy Bel, déléguée syndicale CGT STMicroelectronics, dénonce une décision «scandaleuse» et appelle les salariés du groupe à se joindre aux manifestations du 1er mai.
«Nous n’avons aucune précision»
«Avec 1 000 départs volontaires, 2 500 mobilités internes, et l’attrition naturelle d’environ 300 personnes, il n’y aura plus qu’un quart des effectifs actuels sur les sites français de Microelectronics», alerte Sandy Bel. Employée du groupe depuis vingt-cinq ans, elle exige plus de transparence de la part de la direction. Car le CSE de mardi a laissé les salariés dans l’expectative. «Nous n’avons aucun chiffre de départs par sites, nous savons que certaines activités vont cesser, que des technologies seront transférées, mais tout reste flou.»
Interrogée sur son inquiétude personnelle, Sandy Bel préfère insister sur son indignation. «Après avoir touché plusieurs milliards de subventions et payé des millions de dividendes aux actionnaires, il est scandaleux que STMicroelectronics supprime des emplois !» L’usine de Crolles est censée toucher une aide de 2,9 milliards d’euros dans le cadre du plan France 2030. Soit plus que la moitié des 5,5 milliards d’aides annoncés en 2023 pour le développement de ce secteur stratégique.
Une entreprise en perte de vitesse
Malgré ces soutiens financiers, l’entreprise rencontre des difficultés. Le ralentissement du marché de l’automobile électrique, qui représente 40 % de son chiffre d’affaire, l’a plongée dans une période d’incertitudes économiques dont elle peine à sortir. Le 30 janvier 2025, STMicroelectronics annonçait un résultat net pour l’année 2024 en baisse de 63 % par rapport à l’année précédente, mais de presque 1,4 milliard d’euros tout de même. Afin de redresser la barre, le groupe a annoncé début octobre un projet de «remodelage de son empreinte industrielle et de redimensionnement de sa base de coûts globale», une expression tortueuse pour signifier une réduction des effectifs et une diminution des charges d’exploitation.
Par ailleurs, STMicroelectronics est confronté à des tensions croissantes entre ses coactionnaires. La France et l’Italie contrôlent conjointement 27,5 % des parts, mais tiennent des positions différentes sur la gouvernance de l’entreprise et sur son PDG, le Français Jean-Marc Chéry, qui a perdu le soutien du gouvernement italien en avril.