«Nous ne dormons plus la nuit, madame [a] des idées noires», confie, dans sa lettre, un homme de 47 ans, marié et en CDI. Dans une autre, un homme de 35 ans, en union libre et en CDI lui aussi, se découvre : «Le peu de dettes que je possède m’empêche d’avancer, de m’occuper de ma famille, surtout avec mes deux enfants en bas âge, que je n’arrive plus vraiment à nourrir ou habiller.» «Madame ne peut plus occuper son pavillon, envahi d’encombrants hérités de l’histoire familiale sur trois générations, elle n’a plus de chauffage, plus d’eau chaude», décrit un travailleur social, qui tient la plume d’une femme de 76 ans, célibataire, retraitée et propriétaire. Rien ne les y oblige, mais les surendettés peuvent, lorsqu’ils font parvenir un dossier à la Banque de France, raconter à l’institution leur situation financière et se raconter tout court.

L’an passé encore, les personnes surendettées ont été de plus en plus nombreuses. Elles ont été plus de 156 000 à déposer 134 803 dossiers en 2024. C’est 10,8 % de plus que l’année précédente, qui elle-même avait été marquée par une hausse de 8 % de ces dépôts. En tout, 574 000 personnes en France métropolitaine étaient «fichées à la Banque de France» au 31 décembre, c’est-à-dire inscrites au fichier national des incidents de remboursement des crédits aux particuliers au titre du su