Professeur à l’Ecole d’économie de Paris, Thomas Piketty vient de publier Une brève histoire de l’égalité (Seuil). Un ouvrage moins imposant que ses précédents livres mais tout aussi riche. Celui qui est également directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) y développe une lecture qui dépasse la seule question économique, plaçant le chemin vers l’égalité, qui reste un «combat», dans une perspective plus large. Partage du pouvoir au sein de l’entreprise, redéfinition de la notion de propriété, revalorisation des bas salaires, rôle central de l’impôt progressif dans la réduction des inégalités, l’économiste met aussi sur la table des propositions qui pourraient nourrir les programmes des candidats de gauche pour la présidentielle, tout en regrettant leur incapacité à faire front commun dans une période qui l’exige.
Votre livre raconte un mouvement qui va à contresens de l’humeur crispée et tendue de notre époque : celui d’une progression de l’égalité dans le monde depuis deux siècles…
Depuis au moins la fin du XVIIIe siècle, à la fois la Révolution française et puis la révolte des esclaves à Saint-Domingue en 1791, il y a un mouvement général vers l’égalité qui commence par le début de la fin des sociétés de privilèges d’un côté, des sociétés coloniales de l’autre. C’est un mouvement qui ne s’est jamais complètement interrompu. Sur les revenus et les patrimoines, nous sommes aujourd’hui très, très loin des niveaux de concentra