C’est une séparation sans égale dans le monde des affaires, pourtant habitué à son lot de retournement d’alliances et de trahisons. Celle-ci est toutefois exceptionnelle. De par ses enjeux financiers et judiciaires colossaux, mais aussi au regard de l’histoire de deux hommes qui, associés durant vingt ans, ont construit ensemble Altice, un empire des télécoms (dont deux représentants figurent au Fonds de dotation pour une presse indépendante, qui abrite Libération), ont amassé une immense fortune avant de s’accuser des pires turpitudes. Au point de s’en remettre désormais l’un comme l’autre à la justice et de mobiliser de puissantes et coûteuses équipes d’avocats, à Lisbonne, à Paris et à Genève. Après avoir ressemblé à un «couple fusionnel», décrit un observateur du secteur, les fondateurs du groupe se préparent à s’affronter par hommes de loi interposés.
Aujourd’hui, selon les informations de Libé, Armando Pereira, l’homme de l’ombre, réclame près de 1,4 milliard d’euros à son ancien camarade Patrick Drahi, au titre des profits sur des morceaux du conglomérat qui ont été cédés et des dividendes sur les structures toujours détenues, qu’il n’aurait pas perçus en tant qu’associé à hauteur de 20 % dans les différentes sociétés créées ou acquises depuis 2001.
«Leur coopération dans le groupe Altice, souligne pour Libé le cabinet King & Spalding qui défend Pereira, a supposé une répartition des tâches particulière où il fut convenu entre A