Le siège français de Tesla redécoré de peinture brune, couleur choisie à dessein. Situé à Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis, l’édifice qui accueille depuis un an le constructeur automobile américain a été vandalisé ce mardi 11 février au matin : la devanture et les vitres du bâtiment flambant neuf ont été recouvertes d’un liquide marronnasse. Derrière cette action, les activistes écologistes du mouvement Action Justice Climat (AJC, anciennement Alternatiba), soulignant dans un article du média Vert qu’«il n’y a pas d’écologie sans lutte contre le fascisme».
Durant leur action éclair menée au petit matin, ils ont badigeonné les baies vitrées du bâtiment avec de la peinture marron, couleur «brun nazi» selon les militants cités par le média Vert. Selon une source policière jointe par Libé, la devanture du siège de Tesla France a été aspergée par «un mélange de terre et de colle». Au niveau de l’enseigne du constructeur, ils ont déployé une banderole où l’on pouvait lire «le fascisme passe la seconde», et un collage indiquant : «On n’invite pas les fascistes, on les combat».
Analyse
Pour les activistes, Elon Musk n’aurait pas dû être invité par la France au sommet mondial de l’IA qui se déroule cette semaine à Paris. En cause, ses saluts nazis effectués le 20 janvier dernier lors de l’investiture de Donald Trump à Washington, et son virage assumé en faveur des idées d’extrême droite. «Elon Musk est le prototype parfait du milliardaire avec des idées fascistes. Ce qui nous inquiète, c’est qu’il a tous les moyens nécessaires pour réaliser son projet : le pouvoir économique, technologique, médiatique et maintenant politique», affirme Léa Zaïdat, porte-parole d’AJC auprès de Vert.
L’entreprise, jointe par Libération, dit avoir pris connaissance de l’acte de vandalisme survenu ce mardi matin et affirme mener une «enquête» avec les autorités locales. «Un véhicule clair stationné sur la voie publique a été aspergé du même mélange. Une plainte va être déposée par la direction du site et l’enquête a été confiée à la direction de la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne (DSPAP)», nous précise la source policière.
«Heil Tesla»
Cette action s’inscrit dans contexte peu favorable pour la marque censée rendre hommage à l’inventeur américain Nikola Tesla. Face aux sorties toujours plus polémiques de son patron, l’enseigne accuse le coup. Les véhicules de l’entreprise d’Elon Musk, qui apparaissaient longtemps comme incontournables sur le marché de l’électrique, cèdent désormais du terrain face à la concurrence européenne et chinoise. Certains propriétaires sont désorientés par les positions radicales du milliardaire qui nuisent à l’image d’une marque de plus en plus ciblée par ses opposants.
Fin janvier, en Allemagne, l’usine Tesla de Berlin a été ciblée par des activistes qui ont projeté sur les murs de l’édifice une gigantesque photo d’Elon Musk effectuant un salut nazi. Ils ont également ajouté le mot «Heil» devant le gigantesque écriteau «Tesla» de l’usine. Aux Pays-Bas, selon le média Dutch News, c’est la vitrine d’un concessionnaire de La Haye qui a été taguée dans la nuit du 3 février, recouverte par de multiples croix gammées.
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Devenu conseiller spécial du président américain Donald Trump, Elon Musk, qui a été nommé à la tête du ministère de l’Efficacité gouvernementale (Doge), s’est donné une nouvelle mission en Europe. L’homme à la tête de Tesla, Space X ou encore du réseau social X, milite actuellement pour l’Alternative für Deutschland (AfD), le parti d’extrême droite allemand.
Pour les mener à la victoire lors des prochaines élections législatives, Elon Musk n’hésite pas à diversifier ses propos nauséabonds. Ainsi, le 23 janvier, lors d’un meeting de l’AfD à Halle-sur-Saale, Elon Musk a appelé à ce que l’Allemagne «dépasse» son histoire nazie : «Les enfants ne devraient pas être coupables des péchés de leurs parents, et encore moins de leurs arrière-grands-parents», référence directe à l’histoire nazie de l’Allemagne. «L’accent est trop mis sur la culpabilité du passé, et nous devons dépasser cela», a alors poursuivi le milliardaire, deux jours avant le 80e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz, situé en Pologne. De quoi provoquer l’ire du gouvernement polonais qui a fait part de son indignation et appelé à un boycott de la marque.
Mis à jour : à 15h03, avec l’ajout des déclarations d’une source policière auprès de Libé.