La direction de la SNCF a annoncé jeudi soir sa décision d’appliquer l’accord négocié sur les rémunérations, même sans signature majoritaire. Elle a fait savoir qu’elle avait obtenu «la signature d’au moins deux syndicats représentatifs» – la CFDT et l’Unsa. Une «décision unilatérale [qui] pose la question de l’exercice de la négociation à la SNCF», s’est insurgée la CGT-Cheminots.
A la mi-novembre, la direction du groupe public ferroviaire avait proposé aux syndicats deux options, l’une offrant des mesures supérieures à l’autre en matière de montant de primes ou de nombre de salariés concernés, mais à condition qu’un accord soit signé par des syndicats pesant au moins 50 % de représentativité syndicale.
Certes, l’Unsa ferroviaire et la CFDT-Cheminots avaient décidé mardi de signer l’accord, mais ces organisations ne rassemblent à elles deux que 42,72 % de représentativité syndicale. Et la CGT-Cheminots et SUD-Rail ont refusé de parapher ce texte, par crainte de voir les négociations de l’an prochain d’ores et déjà gelées. La direction a pour sa part expliqué qu’elle revenait sur son exigence de signature majoritaire «dans l’intérêt des cheminots qui ont les plus bas salaires».
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L’Unsa ferroviaire et la CFDT-Cheminots ont dû recevoir ce vendredi «un courrier» de la direction les informant de cette possibilité de valider «tout l’accord» avec une signature minoritaire, y compris «les mesures de déroulement de carrière», mais «sous réserve de la signature d’au moins deux syndicats représentatifs», a précisé la direction.
«Cet accord n’est pas parfait, mais, en responsabilité, la CFDT le signe pour faire gagner aux cheminots les meilleures dispositions de cette négociation», avait indiqué le syndicat mardi dans un communiqué, tout en assurant que sa signature ne valait «pas solde de tout compte». Dans un tract comparant en novembre la hauteur des mesures avec ou sans signature, l’Unsa soulignait de son côté que «chacun pourrait mesurer très facilement les conséquences [d’une] signature ou non».
«Très loin du compte»
«Nous ne tomberons pas dans le piège tendu par la direction», s’est défendu SUD-Rail jeudi dans un tract publié «après consultation de ses adhérents». «Avec aucune mesure d’augmentation générale pour 2021 et aucune pour 2022, on est très loin du compte» avec cet accord face aux «multiples hausses des prix du quotidien» et alors même que le smic a, lui, été revalorisé, relève le syndicat. Il dénonce un «chantage à la signature pour quelques euros de plus».
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En outre, «l’accord précise qu’il n’y aura plus de négociations salariales avant mars 2023», fustige SUD-Rail, qui «refuse de valider une dérogation qui permettrait à la SNCF d’échapper à son obligation de négociation salariale annuelle».
Même décision côté CGT-Cheminots, qui «ne signera pas» l’accord et qui «va adresser un courrier à la direction afin d’ouvrir immédiatement des négociations salariales pour 2022», a déclaré son porte-parole, Cédric Robert. Dans un tract publié en novembre, le syndicat dénonçait l’absence d’augmentation générale des salaires dans l’accord, alors que «les cheminots sont victimes du gel de leurs salaires depuis 2014». «Les cheminots ont perdu 30 % de pouvoir d’achat depuis 1983, dont un tiers depuis 2014», protestait la CGT-Cheminots, qui dénonçait une «pièce de théâtre savamment orchestrée avec l’aide de quelques acteurs dociles». De quoi donner un avant-goût des élections professionnelles à la SNCF prévues à l’automne 2022.