Un déplacement politique et une action de désobéissance civile. A la veille de la remise de la synthèse des rapports sur le changement climatique du sixième cycle du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat des Nations unies (Giec), la colère remonte contre les jets privés.
A Chambéry, Attac, les Amis de la terre et Extinction Rebellion bloquent le terminal de l’aviation d’affaires de l’aéroport. «L’action vise à dénoncer l’irresponsabilité sociale et environnementale des décideurs politiques au regard de l’urgence climatique et écologique, la prédation avide des fonds publics par la multinationale Vinci gestionnaire de cet aéroport, et l’égoïsme obscène des nanti·es», explique Attac sur son compte Twitter. Ils avaient déjà pris pour cible l’aéroport du Bourget en septembre dernier.
Attac 73, avec @XRChambery et les Amis de la Terre 73, mène en ce moment une action de blocage à l’aéroport de Chambéry Savoie Mont Blanc.
— Attac France (@attac_fr) March 19, 2023
40 activistes condamnent l’accès au terminal des privilégié·es pour empêcher les jets privés de décoller.#TousseEnPiste pic.twitter.com/haqpIeLXW1
A Nice, le député Europe Écologie Les Verts (EELV) Julien Bayou est venu défendre sa proposition de loi interdisant les vols en jets privés. «Est-ce que c’est radical de contraindre un ultra-riche à prendre l’avion (commercial, NDLR) ou à prendre le train ? Parce qu’en fait c’est ça, si on interdit les vols en jet privé», s’interroge Julien Bayou au cours d’une conférence tenue devant le tarmac de l’aéroport de Nice, deuxième plate-forme française pour l’aviation d’affaires derrière Paris-Le Bourget.
«Le Paris-Lille, le Paris-Londres ou le Paris-Bruxelles peuvent très bien se faire en train, en première classe, de manière très confortable et à défaut en avion. […] Un aller-retour Paris-Nice en avion, c’est la consommation d’une voiture sur un an», avance l’élu écologiste, venu en train sur la Côte d’Azur.
Présentée par une vingtaine de députés dont Delphine Batho et Sandrine Rousseau, cette proposition de loi visant «à interdire les vols en jets privés» pour favoriser la transition écologique sera présentée le 6 avril lors de la journée réservée aux écologistes à l’Assemblée. L’interdiction concernerait les «services de transport aérien non réguliers de passagers ne faisant pas l’objet d’une exploitation commerciale», ainsi que les services non réguliers de transport aérien public «dont le nombre de passagers est inférieur à soixante».
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Le choix de Nice pour ce déplacement, outre l’importance des vols privés sur la Côte d’Azur, notamment en lien avec Cannes, Monaco et Saint-Tropez, des lieux très fréquentés par stars et riches hommes d’affaires, n’est pas un hasard car la ville est confrontée à un mouvement d’opposition à l’extension de la plate-forme aéroportuaire, la deuxième de France derrière Roissy-Orly.
Samedi, près de cinq cents personnes ont défilé de la promenade des Anglais jusqu’à l’aéroport pour protester contre des travaux d’agrandissement qui doivent permettre à la plate-forme aéroportuaire de gagner 25 000 m2 pour faire face, avec six nouvelles salles d’embarquement, à un trafic de passagers en augmentation. La surface actuelle de l’aéroport Nice Côte d’Azur est de 75 000 m2. Les manifestants répondaient à l’appel d’un collectif d’une trentaine d’organisations dont Attac, Greenpeace ou Extinction Rébellion.
Contestés en justice par deux associations écologistes, ces travaux ont été autorisés en octobre par le tribunal administratif de Marseille qui a rejeté leur recours. L’association France Nature Environnement 06 a fait appel de cette décision mais ce recours n’est pas suspensif.
Les opposants évoquent des effets négatifs, sur la santé humaine ou l’environnement, de l’augmentation du trafic aérien inéluctablement engendrée selon eux par l’agrandissement, ce que la direction de l’aéroport réfute, l’augmentation du nombre de mouvements d’avions n’étant pas proportionnelle, selon elle, à l’accroissement du nombre de passagers.