Menu
Libération
Carbon is in the air

Aéroports européens : la fréquentation en hausse de 0,4 % par rapport à avant le Covid-19

L’association des aéroports européens se réjouit d’un trafic qui dépasse le niveau d’avant la pandémie. Mais un collectif écolo a fait de ces lieux sa cible pour ses actions de l’été.
Air France passenger jets are seen on the tarmac of Orly Airport, near Paris, on the eve of a one-day strike over salaries by Air France pilots, cabin and ground crew unions, France, March 21, 2018. REUTERS/Charles Platiau (Charles Platiau/Reuters)
publié le 31 juillet 2024 à 14h46

Finalement, le monde d’après ressemble beaucoup au monde d’avant. Quatre ans après que le Covid-19 a mis un coup d’arrêt à l’aviation mondiale, la fréquentation des aéroports européens a dépassé au premier semestre 2024 les niveaux de 2019, et ce pour la première fois depuis la pandémie, a annoncé ce mercredi 31 juillet l’association des aéroports Airports Council International Europe (ACI Europe), dans un communiqué. Le fantasme d’une société repensée né pendant la pandémie était une résolution de nouvelle année : un mirage.

Le nombre de passagers entre janvier et juin 2024 est en hausse de 9 % par rapport à 2023. Cela amène la fréquentation des aéroports étudiés à dépasser de 0,4 % celle de 2019, a précisé ACI Europe. L’association estime donc que le «secteur a désormais tourné la page» de la crise sanitaire. «Enfin», se réjouit-elle dans son titre. L’association n’a en revanche pas un mot dans son communiqué sur la responsabilité du transport aérien dans les émissions de gaz à effet de serre responsable du réchauffement climatique qui amène des canicules, sécheresses et inondations. L’aviation est pourtant responsable de 2,5 % des émissions de CO2 mais son impact sur le climat double en raison des effets des traînées de condensation derrière les avions.

Olivier Jankovec, DG de l’association, préfère se livrer à une analyse fine des différences de croissance entre les zones géographiques du vieux continent, et au-delà, les chiffres englobant la Turquie, Israël, la Russie et même l’Asie centrale. Il y voit des «changements structurels de la demande et de l’offre» avec une hausse des voyages de loisir et pour raisons familiales nourrissant le dynamisme des compagnies low-cost et des destinations de vacances, tandis que d’autres plateformes et transporteurs, davantage orientés vers les déplacements intérieurs ou d’affaires, souffrent de la comparaison.

Les statistiques d’ACI Europe vont au-delà des limites strictes de l’Europe politique, puisqu’elles incluent la Turquie, Israël, la Russie et même l’Asie centrale, fédérant 500 aéroports dans 55 pays au total. Ainsi, sur le seul mois de juin, les aéroports polonais ont accueilli 24,5 % de passagers en plus que lors du même mois de 2019. Autres pays dans le vert : la Grèce (+ 23,9 %), Malte (+ 19,1 %), le Portugal (+ 14,2 %) et la Croatie (+ 13,6 %). En revanche, la Finlande (-26,4 %), la Slovénie (-21,5 %), la Bulgarie (-20,5 %) et la Suède (-19,4 %) «sont les plus éloignées d’une reprise complète», a noté ACI Europe. La reprise pourrait prendre du temps en Suède. C’est dans ce pays qu’un mot a été inventé pour décrire la honte de prendre l’avion en raison de son impact écologique : le «flygskam».

Cette reprise du trafic aérien ne plaît pas à tout le monde. L’association écolo Just Stop Oil s’est attaquée ces derniers jours au mode de transport. Ainsi, le 29 juillet, les activistes britanniques ont bloqué l’accès aux portes d’embarquement de l’aéroport de Gatwick, le 29 juillet, en forçant les passagers à les enjamber pour avoir accès à leur vol. Le 30 juillet, ils ont également recouvert de peinture les murs et écrans de l’aéroport d’Heathrow. «Cet été, des zones d’une importance capitale pour l’économie des combustibles fossiles seront déclarées sites de résistance civile dans le monde entier», prévient le collectif, qui entend poursuivre ses actions «tant que les dirigeants politiques ne prendront pas de mesures rapides et décisives pour protéger nos communautés des pires effets du dérèglement climatique».