Le ciel est toujours vert pour Air France-KLM. Le groupe aérien franco-néerlandais a fait savoir ce jeudi 29 février qu’il avait dégagé sur l’année écoulée un bénéfice net de 934 millions d’euros (+28,3 % sur un an), et un chiffre d’affaires de 30 milliards d’euros (+14 %). Des records pour l’entreprise, après une année de retour aux bénéfices en 2022. Des résultats qui confirment les prédictions de l’Association internationale du transport aérien (Iata), pour qui 2024 sera l’année de tous les records, avec un nombre de passagers attendu à 4,7 milliards de personnes dans le monde, davantage que le pic de 2019 (4,5 milliards), juste avant la pandémie. Un sondage de l’Iata fin 2023 indique que neuf voyageurs sur dix comptent voyager autant ou davantage qu’avant la pandémie dans les douze prochains mois.
Dans un communiqué, le directeur général d’Air France-KLM, Benjamin Smith, s’est félicité de ces «solides performances opérationnelles et financières», et du redressement de la structure financière de l’entreprise, violemment ébranlée par la pandémie de Covid-19. En 2020 et 2021, le groupe avait accumulé 10,4 milliards d’euros de pertes, le forçant à deux recapitalisations et à appeler à l’aide les Etats français et néerlandais.
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Ces bons résultats ont été obtenus malgré un nombre de passagers transportés qui n’est pas encore revenu aux niveaux précédant la crise. En 2023, 93,6 millions de personnes ont voyagé dans les appareils d’Air France, KLM et Transavia : c’est 10,3 millions de plus qu’en 2022, mais encore 10,4 millions de moins qu’en 2019. Air France-KLM retrouve également, pour la première fois depuis 2019 et comme il s’y était engagé, des fonds propres positifs, avec 500 millions d’euros.
La fin d’année 2023 a toutefois été moins favorable, avec une perte nette de 256 millions d’euros au quatrième trimestre, alors que le groupe était encore bénéficiaire un an plus tôt à la même période. La conséquence d’une pénurie de pièces de rechange – un problème récurrent pour tout le secteur depuis la pandémie – couplé à un manque de main-d’œuvre qualifiée, ce qui a perturbé la disponibilité de certains avions.
Aléas géopolitiques
Ces bénéfices sont toutefois en deçà des estimations des analystes, qui les voyaient dépasser le milliard d’euros. Une légère sous performance attribuée par le groupe à la «situation géopolitique», principalement au Proche-Orient. La guerre entre Israël et le Hamas a conduit Air France-KLM à suspendre certaines lignes peu après le 7 octobre, dont celle vers Tel-Aviv, provoquant le refroidissement de la demande vers des pays voisins. La compagnie «low-cost» du groupe, Transavia, en a particulièrement souffert, ne parvenant pas à être rentable en 2023 malgré la poursuite de son expansion.
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Par ailleurs, les tarifs du fret se sont fortement rétractés après un emballement dans la foulée de la pandémie. La fin d’année a enfin également pesé sur la rentabilité opérationnelle du groupe, à 5,7 % en 2023 (+1,2 % par rapport à 2022). Loin de la fourchette des objectifs pour 2024-2026 (7 à 8 %), alors que cette rentabilité s’établissait encore à 7,8 % à l’issue des trois premiers trimestres.
Moins de dettes et plus d’investissements verts
Parallèlement, Air France-KLM a poursuivi son désendettement, tombant de 6,33 milliards d’euros de dette nette fin 2022 à 5,04 milliards fin 2023. Grâce à ces bons chiffres, le groupe envisage pour 2024 – anniversaire des 20 ans de sa création – d’augmenter sa capacité de passagers de 5 % sur un an et de limiter entre 1 et 2 % la hausse de ses coûts unitaires, contre 3,5 % en 2023. Malgré cette hausse prévue de l’activité, la société pense s’acquitter cette année d’une facture de kérosène de 7,6 milliards d’euros, en légère baisse par rapport aux 7,7 milliards de 2023.
Elle souhaite également consacrer entre 3 et 3,2 milliards à ses dépenses d’investissement, en particulier dans le renouvellement «écologique» de ses appareils. Cet outil est présenté par le groupe comme essentiel dans la réduction de ses émissions de CO2. Elle envisage également de développer l’usage des carburants non fossiles, dont elle se targue de consommer 16 % de la production mondiale, contre 3 % du kérosène classique. Malgré ces bons chiffres et ces ambitions, le groupe n’a pas toutefois pas annoncé un retour à une distribution de dividendes à ses actionnaires.