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Libération
Sécurité nationale

Aux Etats-Unis, le gouvernement veut interdire la technologie chinoise sur les voitures connectées

Les logiciels automobiles et autres pièces chinoises pourraient bientôt être rayées du secteur aux Etats-Unis. Le gouvernement américain dit craindre ce lundi 23 septembre que celles-ci puissent permettre la collecte de données de ses citoyens.
Des ouvriers assemblent une voiture électrique dans la première usine de véhicules électriques (VE) de BYD en Thaïlande, le 4 juillet 2024. (Chalinee Thirasupa/Reuters)
publié le 23 septembre 2024 à 19h16

Sous prétexte de risques pour la sécurité nationale, le gouvernement démocrate veut interdire la vente aux Etats-Unis de véhicules connectés intégrant de la technologie chinoise et russe. Les autorités n’ont pas encore précisé quels constructeurs ou quels modèles seraient susceptibles de tomber sous le coup de cette législation, dont le texte va être soumis à consultation durant 30 jours, avant de prendre sa forme définitive.

«L’accès malveillant à ces systèmes pourrait permettre à des adversaires d’accéder et de collecter nos données les plus sensibles et manipuler des véhicules sur les routes américaines», a justifié le bureau de la sécurité et de l’industrie du ministère américain. Le ministère du commerce a lui dévoilé lundi un texte sur une possible interdiction des logiciels et terminaux qui permettent de communiquer avec l’extérieur – notamment pour l’assistance à la conduite et la conduite autonome. Mi-septembre, les Etats-Unis annonçaient déjà que les voitures électriques importées de Chine seraient taxées à 100 % à partir du 27 septembre.

A ce jour, aucun véhicule de marque chinoise n’est commercialisé aux Etats-Unis, mais certains constructeurs occidentaux, comme Volvo, suédois mais contrôlé par le Chinois Geely, Polestar, Buick (groupe GM) ou Lincoln (filiale de Ford) y vendent des voitures fabriquées en Chine. Pour d’autres véhicules, l’assemblage a bien lieu aux Etats-Unis, mais contient des pièces chinoises.

Une pénétration des logiciels chinois et russes «minimale»

A Pékin, on déplore une interdiction abusive, en s’opposant «à la généralisation par les Etats-Unis du concept de sécurité nationale et aux mesures discriminatoires prises à l’encontre d’entreprises et de produits chinois», a déclaré un porte-parole de la diplomatie chinoise, Lin Jian lundi.

Les autorités américaines ont mené préalablement une étude afin d’évaluer l’impact qu’aurait cette mesure sur l’industrie, a expliqué une source officielle. De cette analyse est ressortie que la pénétration des logiciels chinois et russes était «minimale», invalidant au passage en partie l’argument de la sécurité nationale mis en avant par le gouvernement Biden.

Pour les terminaux, «c’est un peu plus compliqué», selon cette même source, l’interdiction nécessitant «des changements de fournisseurs» alors que de nombreux équipements chinois circulent hors de leur pays de conception. Conscient de ce problème, le gouvernement n’entend pas appliquer l’interdiction concernant l’appareillage physique avant 2029, afin de donner un temps d’adaptation nécessaire à l’industrie. Dans le cas des logiciels, la mesure serait en revanche effective bien plus tôt, dès 2027.

«Préserver les routes américaines de la technologie russe et chinoise»

«Aujourd’hui, les automobiles ont des caméras, des micros, des GPS et d’autres technologies connectées à internet, a justifié la ministre du Commerce, Gina Raimondo, citée dans le communiqué du bureau de la sécurité et de l’industrie du ministère. Il ne faut pas beaucoup d’imagination pour comprendre qu’un adversaire étranger bénéficiant d’un accès à ces informations pourrait présenter un risque sérieux pour la sécurité nationale et la protection des données des citoyens américains.»

Le gouvernement américain est donc résolu à prendre des mesures «proactives» pour «préserver les routes américaines de la technologie russe et chinoise», a poursuivi la ministre, alors que la politique commerciale des Etats-Unis s’est imposée comme l’un des sujets phare de la présidentielle américaine. Lors de son mandat, Donald Trump avait tenu un discours offensif vis-à-vis de la Chine et mis en place des droits de douane sur les importations de produits fabriqués en République populaire. Ce dispositif a été, pour l’essentiel, maintenu par Joe Biden une fois à la Maison Blanche.

Outre les tarifs douaniers, le gouvernement Biden a restreint les possibilités d’exportation vers la Chine de certains produits technologiques, surtout des semi-conducteurs et des machines utilisées pour leur fabrication. Il s’agissait alors de limiter l’accès des entreprises chinoises, à des équipements de pointe achetés à l’étranger, en particulier à des fins militaires. Sollicité par l’AFP, le Conseil de l’industrie automobile américaine, qui représente les trois géants de l’industrie General Motors, Ford et Stellantis, n’a pas donné suite dans l’immédiat.