Dernière étape franchie par le groupe français dans sa «Renaulution», lancée il y a deux ans par son directeur général Luca de Meo. L’entreprise automobile a présenté ce mardi des objectifs financiers révisés à la hausse, ainsi qu’une nouvelle organisation attendue, qui voit la séparation des moteurs électriques et thermiques. L’objectif : miser sur les activités dans l’électrique pour attirer les investisseurs afin que Renault devienne «un groupe automobile de prochaine génération».
Devant l’assemblée, Luca de Meo a choisi la métaphore du sportif pour expliquer la stratégie suivie : «On peut décider de présenter un athlète sur plusieurs disciplines ou choisir d’avoir cinq athlètes spécialisés qui concourront pour le même drapeau. Nous préférons la deuxième solution.» Renault sera désormais organisé en cinq entités avec la création de deux nouvelles filiales : Ampère, consacrée aux voitures électriques, et Horse - englobée dans l’entité Power - spécialisée dans la production de véhicules thermiques.
Introduction en Bourse
Ampere rassemblera 10 000 salariés en France pour produire un million de véhicules électriques à horizon 2031. Portée par la conversion progressive au lithium, la nouvelle société vise plus de 30 % de croissance par an dans les huit prochaines années.
La marque au losange compte introduire cette filiale à la Bourse de Paris «au plus tôt au second semestre 2023». Le groupe envisage ainsi de financer son coûteux virage électrique tout en conservant «une forte majorité» dans la nouvelle société. Le fabricant américain de puces électroniques Qualcomm, partenaire stratégique de Renault, s’est déjà positionné comme actionnaire. «Il y a trois ans, Renault détenait 10 % de la chaîne de valeur du véhicule électrique. Aujourd’hui le chiffre est de 30 %. Selon les observateurs, il pourrait atteindre 80 % d’ici 2030», a lancé, sûr de lui, le patron du groupe.
Luca de Meo a opté pour la Formule 1 afin d’annoncer l’autre nouvelle filiale : «Lors d’un grand Prix, les coureurs doivent avoir un plan B voire un plan C s’ils veulent l’emporter. Les véhicules thermiques seront encore majoritaires avant la deuxième moitié des années 2040, il est donc logique de continuer dans cette voie.» L’entreprise française a choisi de s’allier au Chinois Geely pour monter un équipementier spécialisé dans les moteurs (thermiques et hybrides) et les boîtes de vitesses. Les deux partenaires détiendront 50 % des parts.
Quelle place pour Nissan ?
Cet attelage franco-chinois comptera 19 000 employés, déployés sur trois continents. Il permettra à la marque au losange de s’implanter aux Etats-Unis et en Chine, pays dont elle est aujourd’hui absente. Son chiffre d’affaires, estimé à plus de 15 milliards d’euros dès sa création, devrait croître de 4 % jusqu’en 2027.
Avec le dernier volet de son plan stratégique, Renault vise une marge opérationnelle supérieure à 8 % au niveau du groupe en 2025 et supérieure à 10 % en 2030. Le groupe promet également aux actionnaires de rétablir des dividendes à partir de 2029. Dans le même temps, l’actionnariat salarié doit grimper à 10 % du capital d’ici 2030.
La plus grosse incertitude concerne la place que prendra Nissan, qui détient 15 % de Renault, dans cette nouvelle organisation… ainsi que la réaction des salariés de l’entreprise.