«Nos demandes de location de véhicules électriques ont augmenté de 300 % ces derniers jours, et ça dans toute la France», assure Thomas Ceccaldi, fondateur de l’agence de location Roadstr. Face à la pénurie de carburant, qui touche désormais 28,5 % des stations-service du pays, selon la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, vendredi, certains Français abandonnent les véhicules thermiques, du moins provisoirement. «Nos carnets de commandes sont quasiment complets pour les deux prochains week-ends, souligne le chef d’entreprise. Dans cette période d’incertitude les gens essaient d’anticiper. On a déjà des réservations pour la période de Noël.»
L’agence de location propose des voitures berlines électriques avec une autonomie de plusieurs centaines de kilomètres sur l’autoroute. «Contrairement aux modèles citadins, c’est une alternative très crédible à la voiture essence. Ils permettent de faire des moyens et longs trajets et se rechargent très vite», vante l’entreprise. L’entreprise a également mis en place une plateforme de location qui permet à chaque particulier de proposer sa propre voiture électrique à la location. Selon Thomas Ceccaldi, les demandes affluent ces derniers jours dans toutes les agglomérations où l’application est disponible.
Cet intérêt nouveau pour l’électrique, la ville de Nice l’a également observé. La métropole azuréenne, qui propose des véhicules électriques à la location depuis plus de dix ans, constate ces derniers jours une hausse de 30 % à 50 % des locations sur les 110 automobiles qu’elle met à disposition. «Selon les données en notre possession, ce serait principalement des actifs qui empruntent pour deux, trois jours voire à la semaine nos voitures», signale Richard Chemla, adjoint délégué à la transition écologique et énergétique.
Les VTC s’y mettent
La société Olympic Location, qui dispose de douze agences réparties dans la métropole d’Aix-Marseille-Provence, tempère. «Il y a eu une légère hausse mais pas comme on pouvait s’y attendre, décrit l’un des employés de la maison mère. Pour les personnes qui font de grosses distances, l’électrique ne remplace pas les véhicules à essence.»
Mais en ville, sur des distances courtes, l’électrique est particulièrement pertinent. Au point que des chauffeurs VTC, eux aussi, décident de se passer de leur auto traditionnelle. Les jours non travaillés et le temps perdu dans les longues files d’attente sont un manque à gagner dans leur chiffre d’affaires. La société francilienne Clicar, spécialisée dans la location à destination de chauffeurs professionnels, a vu ses demandes d’automobiles électriques augmenter de 30 % dans les deux dernières semaines. Il est actuellement impossible d’en réserver une auprès de l’agence. Un arrivage de 300 véhicules rechargeables est prévu en novembre.
Tendance de fond
D’autres professions sont très dépendantes de la voiture. Isabelle Salvat, secrétaire médicale, s’est décidée à abandonner sa vieille auto thermique l’année dernière. Un choix qu’elle ne regrette pas «au vu de la conjoncture». «Par rapport à mes collègues de travail, c’est en quelque sorte un privilège. Qu’ils soient kiné, aides médicales ou autres, ils doivent se déplacer aux domiciles des patients. C’est vraiment très compliqué pour eux», souligne la mère de famille.
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Mais tout le monde ne saute pas encore le pas de l’achat, pénurie d’essence ou non. «C’est encore trop tôt pour assurer que la crise des carburants actuelle a un impact sur les achats d’automobiles rechargeables. En revanche, il y a une tendance de fond qui se dessine», estime Mathilde Aubry, manageuse chez Beev, courtier automobile spécialiste du sujet. Qui a d’ailleurs enregistré depuis le début du mois une hausse de 55 % des demandes d’informations auprès de ses conseillers sur le passage à l’électrique. Avec l’envolée des prix de l’électricité, on pouvait craindre une menace sur l’ensemble du secteur. C’est tout l’inverse qui semble se produire.