C’était le coup de canon en grande pompe, ce mercredi 13 mars, à l’aube. A coups de mails, de notifications, d’interviews dans la presse, la SNCF a scénarisé le lancement de la billetterie pour l’été 2024, faisant de l’entreprise ferrée une société anonyme de transport comme une autre - plutôt qu’un service public. Et au-delà de la disponibilité des trains, c’est surtout en raison des prix que nombre d’usagers se sont déjà jetés aux guichets et sur le moteur de recherche toujours aussi peu intuitif de la SNCF.

Sauf que personne ne comprend grand-chose à la tarification. Certes, depuis que l’entreprise ferroviaire à capitaux publics a décidé de ne plus fixer les prix en fonction de la distance parcourue par le train mais de la sacrosainte loi de l’offre et de la demande, tous les utilisateurs de TGV savent que c’est plus cher autour du week-end, que partir tôt le matin ou arriver tard le soir est plus douloureux pour les finances, que les Ouigo sont certes moins agréables mais bien plus économiques.

Cet été, une nouvelle donnée s’insère dans l’analyse : les Jeux olympiques. Selon un sondage Ipsos Digital pour Trainline, 47 % des Franciliens ont prévu de quitter la région pendant la compétition afin d’en éviter les désagréments, comme les transports bondés, l’explosion possible des prix ou encore les restrictions de circulation. Dans le même temps, 2 millions de Français n’habitant pas en région parisienne ont au moins un billet pour les Jeux. De quoi augurer un grand chassé-croisé.

Entre 8 heures et 8 h 30 ce matin, nous avons fait un sondage – non exhaustif – de 20 trajets sur vingt jours (du 25 juillet au 13 août) qui englobent la période des Jeux, que ce soit des TGV Inoui, des Ouigo ou des Intercités. Si les prix, entre un Paris-Nantes à 16 euros et un Paris-Agde à 131 euros, font l’accordéon, c’est une première pierre qui permettra de saisir l’évolution au fil des semaines, et voir quand se déplacer en train deviendra hors de prix voire impossible. D’ailleurs, depuis nos relevés matinaux, certains billets affichent déjà jusqu’à une dizaine d’euros de plus ce mercredi midi.

Le jour des réservations a été un départ en fanfare. Mercredi soir, 1,5 million de billets avaient déjà été vendus. Selon la SNCF, c’est «du jamais-vu». «Le pic de ventes a été atteint dès l’ouverture vers 6 heures avec jusqu’à huit TGV vendus par minute», soit 3 000 à 4 000 billets, a précisé le transporteur ferroviaire dans un communiqué, dont le site et l’application ont connu une audience de 50 % supérieure à celle de 2023. Même chose pour la plateforme Trainline, qui a observé une hausse des réservations de 115 % par rapport à l’année dernière.

Tous les trains n’ont pourtant pas encore été mis en vente. En plus de certaines lignes de Ouigo, les billets de train au départ et à l’arrivée de trois gares parisiennes (Gare de Lyon, Bercy et Austerlitz) n’ont pas été mis en vente pour le 26 juillet, jour de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques. Pas de chance : entre les Franciliens qui fuiront leur région lors de ce week-end de départ en vacances et les Français qui viendront pour la compétition, ce ne sera pas un jour anodin. Or ces trois gares sont situées en zone rouge, c’est-à-dire là où l’accès motorisé sera interdit. Les billets «seront mis en vente dès validation des conditions d’organisation de la cérémonie d’ouverture de Paris 2024 par les pouvoirs publics», promet la SNCF. Ce jeudi matin, Patrice Vergriete, ministre des Transports, assure sur TF1 qu’ils seront disponibles mi-avril.

Et côté prix ? La première journée a également rimé avec augmentation de la part de la SNCF. Sur les 20 trajets étudiés, 9 en ont déjà connu une, et sur les 11 autres, plusieurs menacent déjà : il ne reste plus que quelques «places à ce prix». La palme de la hausse revient au Paris Biarritz de début août, qui, pour un aller simple, passe de 90 à 121 euros. Et seules deux places «restent à ce prix». 16 euros en plus pour un Ouigo Bordeaux-Paris le 29 juillet alors que 4 trains affichent déjà complets, 17 euros en vingt-quatre heures pour Strasbourg-Marseille le 12 août. On pouvait deviner le sourire des services commerciaux de SNCF Voyageurs en lisant leur communiqué. Prochain rendez-vous dans Libé en début de semaine prochaine, après que les Français qui peuvent partir en vacances ou se payer une place pour les JO auront accéléré dans leur organisation.

25 juillet : Paris - Montpellier (Ouigo) : 11 h 46 - 15 heures, 45 euros = > 55 euros

26 juillet : Strasbourg - Paris : 18 h 20 - 20 h 31, 64 euros = > 79 euros

27 juillet : Paris - Agde : 9 h 42 - 13 h 50, 131 euros = > 131 euros

28 juillet : Paris - Brest : 8 h 43 - 12 h 44, 71 euros = > 76 euros

29 juillet : Bordeaux - Paris (Ouigo) : 8 h 41 - 11 h 30, 39 euros = > 55 euros

30 juillet : Clermont - Paris : 16 h 33 - 20 h 02, 21 euros = > 21 euros

31 juillet : Paris - Saint-Raphaël (Ouigo) : 8 h 22 - 13 h 01, 59 euros = > 59 euros

1er août : Toulouse - Châteauroux : 7 h 18 - 12 h 12, 69 euros = > 69 euros

2 août : Bordeaux - Marseille : 6 h 28 - 12 h 37, 59 euros = > 59 euros

3 août : Paris - Biarritz : 9 h 27 - 13 h 31, 90 euros = > 121 euros

4 août : Paris - Les Sables-d’Olonne : 18 h 52 - 22 h 19, 65 euros = > 65 euros

5 août : Lyon - Lille (Ouigo) : 9 h 04 - 12 h 20, 25 euros = > 29 euros

6 août : Rennes - Paris : 12 h 27 -13 h 59, 43 euros = > 43 euros

7 août : Agen - Paris : 15 h 35 - 18 h 52, 29 euros = > 35 euros

8 août : Metz - Paris : 8 h 50 - 10 h 21, 35 euros = > 35 euros

9 août : Lyon - Paris (Ouigo) : 8 h 38 - 10 h 34, 29 euros = > 29 euros

10 août : Paris - Grenoble : 14 h 14 - 17 h 13, 67 euros = > 78 euros

11 août : Paris - Besançon : 16 h 52 - 19 h 26, 38 euros = > 38 euros

12 août : Strasbourg - Marseille : 13 h 37 - 19 h 45, 66 euros = > 83 euros

13 août : Paris - Nantes (Ouigo) : 7 h 44 - 10 heures, 16 euros = > 16 euros