Bon pour le climat, bon pour le porte-monnaie. Pour décarboner les mobilités et faire baisser la pollution de l’air, le gouvernement compte enfin faire décoller le covoiturage du quotidien. C’est-à-dire les trajets de moins de 80 kilomètres, qui correspondent aux déplacements domicile-travail. L’objectif : convaincre les habitués d’un usage individuel de la voiture de partager leur bolide. La voiture est responsable de 17% des émissions de gaz à effet de serre en France. Avec le covoiturage, la réduction des émissions de CO2 peut atteindre jusqu’à 30% et les économies réalisées peuvent monter jusqu’à 2 000 euros par an et par véhicule, plaide le gouvernement.
Après le plan national covoiturage au quotidien lancé en 2019, mais plombé par la crise du Covid, les premiers contours d’un plan «renforcé» pour la période 2023-2027 ont été dévoilés lundi soir à la presse. Ce mardi, les ministres Christophe Béchu, Agnès Pannier-Runacher et Clément Beaune le présentent officiellement. Ils se fixent l’objectif d’atteindre trois millions de trajets quotidiens, soit cinq fois plus qu’actuellement. Le plan de 150 millions d’euros est décliné en douze mesures, dont trois principales.
Bonus de 100 euros
Le cabinet de la ministre de la Transition énergétique a confirmé la mise en place d’un bonus de 100 euros dès janvier pour les nouveaux covoitureurs qui s’inscrivent sur les plateformes (Blablacar, Karos, Klaxit) en tant que conducteurs. Le ministre des Transports, Clément Beaune, avait déjà évoqué cette idée début octobre lors de l’annonce du plan de sobriété. Dans le détail, cette aide financière sera «versée en deux fois» : 25 euros dès le premier trajet et les 75 restants seront débloqués s’il y a neuf trajets supplémentaires dans les trois mois qui suivent pour attester d’une «habitude». Le mode de versement (bon d’achat, virement…) est à l’appréciation de l’opérateur. Ce bonus est financé par le système de certificats d’énergie (CEE), qui oblige les entreprises polluantes à verser de l’argent, et non par l’Etat. Le cabinet de la ministre de la Transition énergétique précise que «le but est d’inciter de nouvelles personnes à franchir le pas» et que cette mesure «s’accompagnera de contrôles». Un second bonus, également de 100 euros, profitera aux nouveaux convertis à l’autopartage qui feront au moins trois longs trajets.
Autre mesure phare : le gouvernement prévoit une enveloppe de 50 millions d’euros pour aider les collectivités qui soutiennent le covoiturage. Pour les collectivités qui mettent en place des incitations financières à covoiturer (par exemple 10 centimes par kilomètre reversés à chaque passager), l’Etat va mettre la moitié du montant sur le principe «un euro pour la collectivité, un euro pour l’Etat». «Cela incitera davantage de collectivités à lancer de tels dispositifs et celles qui le font déjà à les poursuivre», précise le dossier de presse du plan.
A mi-chemin entre l’auto-stop et le transport en commun
Enfin, le plan dédie 50 millions d’euros, via le fonds vert, au «soutien aux collectivités pour les infrastructures». Il s’agit de la construction d’aires de covoiturages, de voies dédiées qui permettent de gagner du temps (qui seront par exemple expérimentées sur le périphérique parisien pour les JO 2024) ou encore de lignes de covoiturage, à mi-chemin entre l’auto-stop et les lignes de transport en commun.
Alors que le covoiturage pour les trajets courts peinait à progresser jusqu’ici, la crise des carburants a donné un coup d’accélérateur. En un an, le nombre de nouveaux covoitureurs a plus que doublé, autant côté conducteurs que passagers, selon l’Observatoire national du covoiturage au quotidien. Et le nombre de trajets a été presque multiplié par trois, pour atteindre 645 000 trajets au mois de novembre 2022. Le gouvernement affirme de son côté que «900 000 trajets quotidiens sont effectués en covoiturage aujourd’hui», à la fois via des plateformes et de manière informelle. Puisque l’indemnité carburant ne sera plus versée qu’aux travailleurs modestes en 2023, le covoiturage pourrait devenir une alternative encore plus prisée pour faire des économies. Actuellement, on compte en France 1,1 passager par voiture. La ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, vise 1,8 passager à horizon 2030. Des voitures mieux remplies permettent de faire baisser les émissions de gaz à effet de serre et de lutter contre le changement climatique. «Si l’objectif est atteint, jusqu’à 4,5 millions de tonnes de CO2 pourront être évitées annuellement», promet le gouvernement.