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Prévention

Dilatation des rails, caténaires, incendies : la SNCF s’adapte à la canicule

Les fortes chaleurs mettent le réseau ferré à rude épreuve, au risque de provoquer des annulations et des retards. Mais alors qu’1,6 million de voyageurs sont attendus pour le week-end du 15 août, la SNCF assure qu’elle est prête à faire face.
Aucun ralentissement n'est encore acté pour ce week-end. (Louise Canguilhem/Hans Lucas. AFP)
publié le 14 août 2025 à 15h20

La SNCF se retrouve en première ligne face à la multiplication des épisodes caniculaires et des températures records. Les fortes chaleurs ont par exemple obligé la compagnie ferroviaire à annuler plusieurs dizaines de trajets Intercités depuis jeudi dernier sur ses vieux trains Corail. Une minorité, a rappelé mardi le ministre des Transports, Philippe Tabarot, alors que plusieurs milliers de trains circulent chaque jour à travers l’Hexagone et que 1,6 million de voyageurs sont attendus pour le long week-end du 15 août.

Sur son site internet, la SNCF reconnaît que «les fortes chaleurs peuvent entraîner des dérèglements ou des pannes». Mais la compagnie assure que «des agents, mobilisés jour et nuit, surveillent les voies afin d’identifier les zones géographiques où la température risque d’affecter le réseau». Auprès de Libération, SNCF Réseau précise que les annulations sont exceptionnelles et que, même si des réductions de vitesse entraînant des retards sont possibles, cela ne survient que dans des certains cas précis : en cas de travaux récents sur la voie, de caténaires anciennes ou sur des tronçons fragilisés. «Ce n’est pas du tout systématique. Quand on le fait, c’est sur quelques kilomètres, et ça représente seulement quelques minutes de retard», insiste le gestionnaire d’infrastructure. Pour le long week-end du 15 août, aucun ralentissement n’est encore acté.

«Jusqu’à 60°C au sol»

Lors d’épisodes de fortes chaleurs, les rails en acier sont les premiers à souffrir et peuvent se dilater. «Le rail en plein soleil monte à des températures dingues, mais malgré de fortes contraintes, ils ne se déforment pas, explique SNCF Réseau. Les traverses sont faites pour qu’il ne déforme pas.» Fabrice Chambelland, secrétaire général adjoint de la CFDT Cheminots, précise : «La température au sol peut monter jusqu’à 60°C mais les normes sont conçues pour pouvoir résister jusqu’à 66°C.» De quoi voir venir, tout en prévenant : «La marge est encore large, mais pour combien d’années ? Le réchauffement climatique peut remettre en question ces normes.»

Autre dimension à prendre en compte avec ces températures éreintantes : les caténaires, ces câbles électriques en cuivre, suspendus au-dessus des voies, qui alimentent les trains. «Le cuivre se dilate beaucoup plus que l’acier. Pour pouvoir régulariser cet allongement de la caténaire, on utilise des contrepoids. Si les contrepoids touchent le sol, il y a un risque d’arrachement quand un train passe», détaille Fabrice Chambelland. Dans ce cas, le train perd son alimentation. «Ce n’est pas un risque sécurité en soi, mais cela immobilise le train», de sorte qu’il ne sollicite pas trop le système électrique.

Le troisième type d’incidents possible est lié aux effets sur les composants électroniques lors de pics de chaleur. «C’est comme lorsqu’on laisse un téléphone portable posé sur une table en plein soleil. Donc nos installations sont aujourd’hui climatisées, mais on peut aussi avoir des défaillances», poursuit le syndicaliste.

Investissements colossaux

Les incendies constituent un autre sujet de vigilance. «Un freinage dur peut projeter des étincelles, décrit le syndicaliste. Dans un secteur très sec, cela peut provoquer un départ de feu, et quand les pompiers interviennent, on coupe le courant.» La compagnie ferroviaire rappelle qu’elle procède chaque année à un débroussaillage systématique le long des voies pour limiter les risques.

SNCF Réseau note aussi que le plus souvent les incendies «ne viennent pas de nos abords, mais plutôt des terrains voisins». Des retards importants ont par exemple été constatés depuis lundi après-midi dans le Sud-Ouest, notamment sur la ligne à grande vitesse Paris-Angoulême-Bordeaux à cause de l’incendie dans le sud de la Charente.

Différents risques qui demandent des investissements colossaux sur le réseau ferré pour le maintenir en état. Le PDG de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, avait appelé en mai à investir 1milliard d’euros de plus par an dans le réseau. Une demande que le gouvernement semble avoir écoutée. Le ministre des Transports a annoncé en juillet un projet de loi, qui devra être présenté devant le Parlement en décembre, fixant l’objectif d’augmenter le montant des investissements dans le réseau ferroviaire de 1,5 milliard d’euros par an, pour atteindre 4,5 milliards par an en 2028.