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Carburants : ces hypermarchés qui cassent les prix

Face à la flambée des prix du carburant, plusieurs grandes enseignes dont Leclerc et Casino lancent des opérations à prix coûtant ou très avantageux. Des opérations de communication visant à fidéliser les clients mais aussi à mettre la pression sur le gouvernement.
Carburant a la pompe dans un hypermarché Leclerc à Nantes le 18 septembre 2019. (Laetitia Notarianni/Divergence)
publié le 18 octobre 2021 à 13h13
(mis à jour le 19 octobre 2021 à 8h42)

Des ventes à prix coûtant face à la flambée des prix du carburant ? L’opération de la grande distribution a de très nets airs de campagne de communication à grande échelle mais elle aura le mérite de faire du bien au portefeuille.

«Chatouillé» par les déclarations de la ministre de la transition écologique, Barbara Pompili, qui demandait la semaine dernière aux grandes surfaces de «faire un geste en réduisant leurs marges», le patron des enseignes E.Leclerc, Michel-Edouard Leclerc, a annoncé ce lundi qu’il vendrait son carburant «à prix coûtant» jusqu’à la fin du mois d’octobre.

Une autre grande enseigne, Géant Casino, a lancé la semaine dernière une opération similaire dans une trentaine de magasins en vendant leur carburant «à un euro le litre». Et à compter de mercredi et jusqu’à la fin du mois d’octobre, le groupe Carrefour a décidé d’octroiera une remise de 5 euros pour chaque plein d’essence (à partir de 25 litres). Cette somme pourra être attribuée « en bons d’achat ou sur la carte de fidélité du client », fait savoir une porte-parole de l’enseigne.

Les principaux carburants routiers vendus en France ont poursuivi leur hausse et encore augmenté de 2 centimes la semaine dernière, le gazole atteignant de nouveaux records, selon les chiffres officiels du ministère de la Transition écologique diffusés lundi. Le litre de gazole valait en moyenne 1,5583 euro, contre 1,5354 euro la semaine précédente, atteignant de nouveaux sommets historiques, alors que le gouvernement réfléchit au moyen d’atténuer la flambée des prix à la pompe.

«La marge n’est pas chez nous»

«Si ça continue de monter, ça montre que la marge n’est pas chez nous», a ainsi expliqué Michel-Edouard Leclerc. Dans le même esprit, Dominique Schelcher, président de Système U a détaillé le calcul de cette marge que se font ses magasins sur le gazole sur Twitter. «Pour un litre à 1,54 euro, notre marge est de 0,02 euro soit quasiment à prix coûtant. On voit bien que le sujet n’est pas la marge des distributeurs. Ne faut-il pas simplement soutenir les plus modestes par une aide ?»

Pour Michel-Edouard Leclerc, les «leviers» sont plutôt du côté de l’exécutif : «Si on veut que les prix n’augmentent pas trop, il faut prendre les facteurs d’augmentation, TVA, TIPP [taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques, ndlr]… Ce n’est pas dans le camp des entreprises privées.»

Si le gouvernement entend cette demande d’une baisse de la taxation, elle sera «immédiatement» répercutée sur les prix, promet-il. «Les Français se tapent une augmentation du chauffage, des abonnements, des loyers, dénonce Michel-Edouard Leclerc. Je vois arriver une vague d’inflation avec d’autres vecteurs, comme la crise des transports et des répercussions énormes sur les exportations et les produits industriels. Il faut se mobiliser, Etat et entreprises privées.»

Du côté de l’exécutif devrait faire des annonces dès cette semaine. Bercy est contre une baisse des taxes et un chèque carburant, piste privilégiée à cette heure, est jugé compliqué à mettre en place.

Ces opérations symboliques de la grande distribution ne sont pas une nouveauté. Déjà fin 2018, et ce jusqu’en mars 2019, les hypermarchés E.Leclerc avaient vendu son carburant à prix coûtant. Considérée comme un produit d’appel, l’essence représente «un marqueur de pouvoir d’achat» selon Michel-Edouard Leclerc. «L’émergence de cette revendication en province, et pas seulement des gilets jaunes, confirme que l’accès a des transports pas chers et à l’énergie bon marché doit constituer une composante très forte de notre offre», écrivait alors dans une tribune le magnat des hypermarchés français.

S’il avouait que les prix coûtant sur les carburants «sont de la communication», il considérait aussi qu’il s’agissait d’«une manière forte de redistribuer des gains de pouvoir d’achat».

Mise à jour : mardi à 8h40 avec l’opération du groupe Carrefour.