Pour cette deuxième journée de grève des contrôleurs aériens, les voyageurs ont gardé les yeux rivés sur les panneaux d’affichage des aéroports, scrutant le moindre retard - ou annulation - de leur vol, en ce tout début des vacances d’été. Au total, 1 125 vols ont été annulés ce vendredi au départ de la France ou à l’arrivée, selon la direction générale de l’Aviation civile (DGAC), en particulier dans les aéroports parisiens et à Nice. La veille, 933 avions étaient restés sur le tarmac, soit environ 10 % des vols initialement prévus. Aucune perturbation n’est en revanche à prévoir samedi, le préavis de grève courant jusqu’à ce soir.
Les effets du mouvement social se sont également fait sentir au-delà des frontières nationales : jeudi 3 juillet, des centaines de milliers de personnes avaient déjà été affectées à travers l’Europe par cette grève, déclenché par deux syndicats minoritaires qui réclament une amélioration de leurs conditions de travail et des effectifs plus importants.
«272 personnes impactent 500 000 personnes»
Une réforme contestée est notamment en cours pour établir un pointage des contrôleurs à la prise de poste, à la suite d’un «incident grave» à l’aéroport de Bordeaux fin 2022, quand deux avions avaient failli entrer en collision. Une enquête en avait fait peser la responsabilité sur une organisation défaillante du travail des aiguilleurs, en dehors du cadre légal et sans respect du tableau de service. L’Unsa-Icna invoque pour sa part «un sous-effectif entretenu et responsable des retards une bonne partie de l’été», des outils obsolètes et «un management toxique, incompatible avec les impératifs de sérénité et de sécurité exigés». Le premier syndicat d’aiguilleurs du ciel, le SNCTA (60 % des voix), n’a toutefois pas appelé à la grève.
«Il faut se rendre compte qu’hier et aujourd’hui, 272 personnes dans notre pays vont impacter le bien-être de plus de 500 000 personnes. C’est inacceptable», a de son côté fustige le ministre des Transports Philippe Tabarot ce vendredi, au micro de CNews.
«Stratégie de blocage»
De nombreux voyageurs ont ainsi annulé des nuitées dans des hôtels, «particulièrement dans les villes avec de gros aéroports comme Nice ou Paris», selon l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih). «C’est un peu la panique entre ceux qui arrivent et ceux qui partent, les compagnies aériennes cherchent à reloger leurs clients, c’est compliqué à gérer et ça va leur coûter cher», a déclaré Véronique Siegel, responsable de la branche hôtellerie de l’Umih.
A Nice, deuxième aéroport d’affaires en Europe, la moitié des vols commerciaux ont notamment été annulés ainsi que la quasi-totalité des vols de jets privés. Ainsi, selon la DGAC, 251 grévistes ont été recensés ce vendredi sur le millier de personnels de service.
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L’Union des aéroports français a dénoncé dans un communiqué une «stratégie de blocage systématique, qui sacrifie l’intérêt général sur l’autel de revendications difficilement justifiables». Un mouvement social également condamné par le ministre des Transports, qui a déploré, lui, son impact économique pour les compagnies aériennes, de plusieurs «millions d’euros». Le Premier ministre François Bayrou est, pour sa part, allé jusqu’à accuser les grévistes de «prendre en otage les Français».