- Au lendemain de l’échec de discussions avec la direction, la grève dans les raffineries françaises de TotalEnergies a été reconduite «à une très large majorité» jeudi matin, concernant au total cinq sites impliqués dans le mouvement.
- La grève se poursuit également chez Esso-ExxonMobil, visé par de premières réquisitions de salariés.
- Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a appelé jeudi matin TotalEnergies à «augmenter ses salaires» et la CGT à «se saisir de la main qui a été tendue» pour négocier. «Ils ont la capacité, donc le devoir d’augmenter les salaires de tous leurs salariés dans des proportions qu’ils négocieront avec les organisations syndicales», a précisé le ministre sur RTL.
On ferme. Il est l’heure de nous quitter. Retrouvez l’essentiel des informations de la journée sur la crise des carburants en remontant le fil de ce direct et n’hésitez pas à aller consulter dès à présent notre édition papier de demain.
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Voyage au bout de la nuit ? Les négociations devaient débuter ce jeudi soir à 20 heures au sous-sol de la tour Total à la Défense. Il ne s’agit pas d’une entrevue officieuse, mais bel et bien des négociations officielles entre la direction de l’entreprise et les quatre organisations syndicales représentatives. Au menu des discussions, qui se dérouleront dans une salle de réunion située face à la cantine, les deux propositions du pétrolier: un mois de salaire à titre de bonus pour l’ensemble des salariés à travers le monde, et une augmentation des rémunérations, en France, de 6% à compter du 1er janvier 2023. Notre article pour savoir comment Total s’est résolu à négocier.
Grève générale ou pas grève générale? Les syndicats appelant à la mobilisation le 18 ne veulent pas entrer dans ce débat sémantique. « On n’appuie pas sur un bouton, c’est aux salariés de décider de leur mouvement, dans l’entreprise », insiste Catherine Perret, secrétaire confédérale de la CGT. Simon Duteil, porte-parole de Solidaires, abonde : « utiliser tel ou tel terme, ce n’est pas ça qui compte. Ce qui compte, c’est ce que les travailleurs des raffineries sont en train de montrer : c’est la grève qui a le pouvoir de changer les choses ». Selon lui, la journée de mardi sera « marquante ». De Frantz Durupt, au siège de la CGT à Montreuil.
La CGT, FO, Solidaires et la FSU appellent à une journée de grève interprofessionnelle mardi. La CGT, FO, Solidaires, la FSU et les organisations de jeunesse Fidl, Unef, MNL et la Vie lycéenne ont appelé à une journée de grève et de manifestations interprofessionnelles mardi, selon un communiqué lu lors d’une conférence de presse au siège de la CGT ce jeudi. Les salariés sont appelés à manifester pour «les salaires et la défense du droit de grève», après la décision du gouvernement de réquisitionner des salariés de l’industrie pétrolière pour permettre la distribution de carburant, selon ce texte.
«Possible contagion [de la grève] aux branches interprofessionnelles», s’inquiètent les renseignements. Les appels à la grève pour des revalorisations salariales ne sont pas prêts de se tarir, ils pourraient même se multiplier et toucher d’autres secteurs. Une note du renseignement territoriale, révélée par Le Parisien, s’inquiète de la «contagion» du mouvement à d’autres secteurs du pays. En ligne de mire: «les dockers, agents portuaires, cheminots ou encore agents de centrales nucléaires et du secteur automobile».
La grève à la SNCF pourrait s’étendre à d’autres secteurs. La CGT-Cheminots, premier syndicat représentatif à la SNCF, et Sud-Rail ont appelé à la grève mardi prochain pour demander des hausses de salaires et protester contre les réquisitions dans le secteur de l’énergie. D’autres secteurs pourraient se mobiliser ce jour-là. La fédération des transports de la CGT a à son tour embrayé en appelant ses adhérents à cesser le travail. «La colère gronde, y compris dans nos métiers», a prévenu le syndicat, qui représente entre autres les chauffeurs routiers. «Nous demandons aux syndicats d’organiser des assemblées générales de site le 18 et nous ne nous interdisons aucun scénario pour la conduite de l’action», a indiqué jeudi le secrétaire général de la CGT-Cheminots, Laurent Brun.
Au budget de 2023, 1,7 milliard d’euros pour les automobilistes dépendants de leur voiture pour travailler. Une enveloppe de 1,7 milliard d’euros pour une aide ciblée à la pompe est prévue au projet de budget 2023, réservée aux automobilistes qui ne peuvent pas se passer de leur voiture pour aller travailler, a annoncé jeudi le ministre de l’Economie Bruno Le Maire. Après avoir confirmé la fin de la remise généralisée sur les carburants à la fin de l’année 2022, le ministre a évoqué, en cas de poursuite de la hausse des prix des hydrocarbures, un «dispositif de secours ciblé sur toutes celles et tous ceux qui sont obligés d’utiliser leur voiture pour aller travailler», lors d’un point de presse au ministère.
La grève s’étend dans les transports. La CGT RATP et la CGT-Cheminots ont à leur tour appelé ce jeudi à une journée de grève et de mobilisation le mardi 18 octobre. «Nous nous mobilisons pour des revalorisations salariales, sur la question de la réforme des retraites et pour défendre le droit de grève, remis en cause par les décisions gouvernementales», a déclaré sur FranceInfo Vincent Gautheron, secrétaire général de la CGT RATP, syndicat majoritaire. De son côté, le secrétaire général de la CGT-Cheminots, Laurent Brun a indiqué: «Nous demandons aux syndicats d’organiser des assemblées générales de site le 18 et nous ne nous interdisons aucun scénario pour la conduite de l’action.»
Grève reconduite sur le site Esso-ExxonMobil de Gravenchon-Port-Jérôme. La colère ne faiblit pas et la grève se poursuit. Les salariés du site Esso-ExxonMobil de Gravenchon ont reconduit jeudi après-midi le mouvement social. «La grève continue sur le secteur du pétrole» à Gravenchon-Port-Jérôme, a indiqué Germinal Lancelin, secrétaire général CGT d’ExxonMobil, après un vote en ce sens des salariés lors de la relève de 14 heures. En parallèle, la grève a été levée à la raffinerie de Fos-sur-Mer quelque jours après un accord entre la direction et deux syndicats majoritaires, a annoncé la CGT.
Négociations salariales en vue chez TotalEnergies. TotalEnergies a annoncé avoir invité jeudi les organisations syndicales représentatives du groupe à des «négociations salariales collectives», une première depuis le début de la grève lancée par la CGT dans ses raffineries le 27 septembre. «Compte tenu de l’attitude responsable des équipes concernées par la réquisition décidée par le gouvernement pour rétablir les flux de carburants sortant du dépôt de Dunkerque, la direction invite l’ensemble des organisations syndicales représentatives du Socle social commun à des négociations salariales collectives ce soir à 20 heures», a annoncé la direction du groupe français.
Reconduction de la grève dans l’ensemble des sites touchés, selon la CGT. Les salariés de TotalEnergies ont reconduit jeudi après-midi la grève dans l’ensemble des sites engagés dans le mouvement, a indiqué Thierry Defresne, secrétaire CGT du comité TotalEnergies Europe. «Le mouvement est reconduit partout, avec toujours de très forts taux de grévistes», a-t-il déclaré en enjoignant la direction à ouvrir «aujourd’hui» des négociations, sans quoi «ça va être très chaud demain (vendredi) à Flandres», le dépôt de carburant près de Dunkerque (Nord) où des grévistes ont été réquisitionnés.
A la raffinerie de Feyzin : «Pour le capital, il y a de l’argent, mais pas pour les salaires». Les salariés pointent le grand écart entre les superprofits du groupe et leur fiche de paie, pas si généreuse au regard des conditions de travail et du risque sur un site Seveso. «C’est la première année que le coût du capital est supérieur au taux de réinvestissement dans l’entreprise. En 2021, il y a eu 7 milliards d’euros de rachat d’actions et 8,6 milliards d’euros de dividendes, ce qui fait en tout 15,6 milliards d’euros, contre 13,6 milliards d’euros de réinvestissement dans l’outil, expose Pedro Afonso, délégué syndical CGT à Feyzin. Les grévistes revendiquent aussi un investissement matériel et technique, en plus de celles sur l’emploi et les salaires. Notre article complet.
Fin de la grève annoncée à la raffinerie Esso de Fos-sur-Mer. «Après consultation du personnel gréviste, il a été décidé que le mouvement social s’arrêterait à Fos-sur-Mer le jeudi 13 octobre à 13 heures», a indiqué la CGT dans un communiqué. Auprès du Figaro, la direction d’Esso se réjouit de «cette avancée», survenue après des «discussions» avec les syndicats.
Reportage
La guerre des nerfs pour les grévistes. A la raffinerie Esso-ExxonMobil de Notre-Dame-de-Gravenchon, entre réquisitions et récupération politique, les grévistes ont l’impression de se faire «voler leur mouvement». Sans oublier qu’après 23 jours de grève, l’absence de salaire commence à se faire sentir pour de nombreux salariés et entache leur motivation. «On a l’impression que ça ne bouge plus», affirme un gréviste à notre envoyé spécial. Notre article complet.
Sur l’autoroute, on fait la queue pour un peu d’essence. Devant l’aire de Morainvilliers, à 30 kilomètres de Paris sur l’A13, une file de voitures s’est formée sur plusieurs centaines de mètres sur la bande d’arrêt d’urgence. Des agents de la station TotalEnergies circulent pour inviter les voitures à dépasser les camions qui sont la principale raison du blocage. Sauf que les autres véhicules continuent de circuler à plus de 100 km/h sur l’autoroute. Par notre reporter, Benjamin Delille.
Sur l'autoroute A13, on attend sur la bande d'arrêt d'urgence pour accéder à la station Total de l'aire de Mourainvilliers, à 30 km de Paris. @libe #penuriedecarburant pic.twitter.com/i2N5eows2Z
— Benjamin Delille (@BenjiDelylo) October 13, 2022
Vers une grève intersyndicale et interprofessionnelle mardi ? Selon RMC, une réunion aura lieu aujourd’hui à 17 heures avec des responsables de la CGT, de FO, FSU et Solidaires. «D’autres organisations sont invitées mais n’ont pas encore répondu», explique RMC, selon qui «l’idée est de discuter de la mobilisation de la semaine prochaine». A l’issue de la réunion, un appel commun à tous les secteurs pour faire grève et manifester mardi prochain pourrait voir le jour, date à laquelle un mouvement des cheminots est déjà prévu.
Le recours de la CGT contre les réquisitions chez ExxonMobil examiné cet après-midi. Le référé déposé par la CGT pour contester la réquisition de personnels sur le site d’Esso-ExxonMobil à Port-Jérôme (Seine-Maritime) où la grève est reconduite, sera examiné à 14 h 30 au tribunal administratif de Rouen. Selon la requête, le syndicat estime qu’il y a «urgence à suspendre» l’arrêté pris par le préfet de Seine-Maritime, «portant réquisition de personnels chargés de l’activité de pompage et d’expédition du site Exxon de Port-Jérôme-sur-Seine». «L’acte attaqué porte indiscutablement une atteinte grave à la liberté fondamentale que constitue l’exercice du droit de grève», ajoute la CGT. Mercredi, le ministère de la Transition énergétique avait précisé que quatre salariés d’ExxonMobil étaient réquisitionnés pour permettre le fonctionnement de ce dépôt de carburants, deux pour mercredi et deux pour jeudi matin.
D’après FO, un salarié de Flandres a été réquisitionné à son domicile. Selon le syndicat Force ouvrière, un salarié du dépôt pétrolier de Flandres, près de Dunkerque, a été réquisitionné à son domicile : «Un salarié nous a appelés ce matin. Les gendarmes l’ont réquisitionné à son domicile devant sa famille. C’est inadmissible ! Ce salarié ne devait même pas travailler aujourd’hui, il n’était pas sur les plannings», dénonce Clément Mortier, représentant FO dans les colonnes de la Voix du Nord. Selon le quotidien du Nord, l’arrêté permettant la réquisition des salariés doit être pris par la préfecture à 14 heures.
Appel à la grève générale : pour Laurent Berger, «ce n’est pas la convergence des luttes qui va faire l’augmentation des salaires». «L’appel à la grève générale dont on parle, ça change quoi concrètement ? Pour les travailleurs les plus modestes, rien», réagit Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, jeudi 13 octobre sur France Inter, alors que des voix politiques et syndicales s’élèvent ces derniers jours pour appeler à la grève générale dans le sillage de la grève qui touche les raffineries françaises. «Ce n’est pas la convergence des luttes qui va faire l’augmentation des salaires des travailleurs, c’est le dialogue social», estime-t-il.
"Il y a un sujet salariale dans notre pays, et il faut que les patrons répondent", clame @CfdtBerger. "Ce n’est pas la convergence des luttes qui va faire l’augmentation des salaires des travailleurs de la propreté, de la sécurité privée, des paysagistes…" pic.twitter.com/CHuMVjunu9
— France Inter (@franceinter) October 13, 2022