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Libération
Dégringolade

«Dans un contexte de marché difficile», les bénéfices de Renault chutent de 69 % au premier semestre

Si son chiffre d’affaires est en croissance de 2,5 % sur un an, le groupe affirme dans un communiqué jeudi 31 juillet que son bénéfice ajusté a plongé en six mois. Ce qui aura des conséquences sociales, qui ont déjà commencé.
Les bons résultats de la Renault 5, ici dans l'usine de Douai, le 5 mars, font partie des rares bonnes nouvelles au premier semestre. (François Lo Presti/AFP)
publié le 31 juillet 2025 à 10h11

C’est la dégringolade. Au lendemain de la nomination de son nouveau directeur général, François Provost, le groupe Renault a vu son bénéfice ajusté à 461 millions d’euros. En cause, selon la direction ? Un marché très compétitif en Europe, affirme un communiqué diffusé jeudi 31 juillet. Mais l’addition est encore plus salée en raison de sa séparation en cours avec Nissan. Comme annoncé au début du mois, l’évolution comptable avec son partenaire japonais, et ses mauvais résultats, implique une perte nette de 11,2 milliards d’euros dans les comptes de Renault. «Nos résultats du premier semestre, dans un contexte de marché difficile, n’étaient pas en ligne avec nos ambitions initiales», a déclaré François Provost, qui était à la direction des achats et des affaires publiques dans la marque au losange avant sa prise de poste.

«Nous avons déjà lancé un ensemble de mesures pour atteindre nos objectifs. Néanmoins, la rentabilité de Renault Group demeure une référence dans notre industrie, et nous sommes déterminés à maintenir ce standard», a-t-il poursuivi. Il affirme que l’environnement est «difficile en Europe», dans un contexte où le marché des véhicules utilitaires est en repli.

«Nos fondamentaux restent inchangés»

Le chiffre d’affaires du constructeur français, pour les marques Renault, Dacia et Alpine, a atteint 27,6 milliards d’euros au premier semestre, tout de même en croissance de 2,5 % sur un an. Mais Renault a revu légèrement à la baisse ses objectifs annuels mi-juillet à cause de la «détérioration de la dynamique du marché automobile». «Nos fondamentaux restent inchangés et nous avons l’intention de préserver notre approche, privilégiant la valeur des ventes plutôt que le volume», a souligné le directeur financier de Renault, Duncan Minto. «Dans le contexte actuel, disposer de la gamme de produits la plus attractive constitue la meilleure protection. Alors que certains concurrents agissent de manière désespérée à l’encontre du bon sens», a-t-il ajouté.

Le groupe Renault a également versé 279 millions d’euros ce semestre à Horse, sa coentreprise de moteurs thermiques avec Geely et Aramco. Il a par ailleurs provisionné 98 millions d’euros en prévision d’éventuelles pénalités européennes sur les émissions de CO2 de ses voitures. Le constructeur automobile vise désormais une marge opérationnelle autour de 6,5 % du chiffre d’affaires, contre une marge supérieure ou égale à 7 % précédemment, malgré de bonnes ventes sur les six premiers mois de l’année.

Mais le constructeur français l’assure : «Le groupe a une trajectoire claire lui permettant de confirmer que la performance du second semestre sera supérieure», notamment grâce à «un niveau de commandes élevé en juin» et des effets positifs concernant ses nouveaux véhicules, notamment sa gamme électrique qui tire son épingle du jeu face à de nombreux concurrents européens.

Mais l’entreprise confirme aussi vouloir renforcer «une discipline et un contrôle strict sur les coûts variables et fixes». Derrière cette novlangue théorique un peu froide, se cache des impacts sociaux, qui se sont notamment matérialisés dès mercredi. Selon les informations de Libération, la direction a envoyé un mail en anglais à ses managers pour leur signifier «un gel des embauches à l’échelle du groupe sera mis en œuvre jusqu’au 31 décembre 2025. [Une] mesure [qui] s’applique à toutes les fonctions, marques et pays» et «effective immédiatement».