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Carburants

De possibles «pénuries» de diesel cet hiver, alerte l’Agence internationale de l’énergie

En raison notamment de la réponse européenne à l’invasion de l’Ukraine et l’embargo sur le pétrole russe, les raffineries du Vieux Continent peinent à prendre le relais, note l’AIE ce jeudi 12 octobre.
Une photo d'illustration d'une station service à Montpellier. (ERIC BERACASSAT/Hans Lucas via AFP)
publié le 12 octobre 2023 à 12h45

Après le gaz, la guerre en Ukraine et la réponse de l’Union européenne (UE) vont-elles avoir un impact sur le carburant des Français ? L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a mis en garde ce jeudi 12 octobre contre de possibles pénuries de diesel en Europe cet hiver. Cela découlerait des contraintes d’approvisionnement, notamment l’embargo de l’UE sur le pétrole brut russe en vigueur depuis dix mois. Dans son rapport mensuel sur le pétrole, l’AIE estime que l’Europe aura besoin «d’importations soutenues» en provenance d’autres pays, mais des contraintes particulières en hiver sur la qualité du diesel pourraient «limiter» les approvisionnements.

«Il faudra peut-être un autre hiver doux pour éviter les pénuries», a averti l’agence. «Dix mois après l’entrée en vigueur de l’embargo de l’UE sur le brut russe», destiné à assécher la rente pétrolière de Moscou, «les raffineurs européens peinent toujours à augmenter leurs taux de traitement et leur production de diesel», explique l’AIE dans son rapport.

Alors que l’Europe semble avoir «peu d’options» pour «améliorer» ses niveaux de couverture des stocks dans les mois à venir, «un rebond des rendements des raffineries» conjugué à davantage d’importations apparaît «nécessaire», selon l’AIE. Mi-septembre, Toril Bosoni, l’une des dirigeantes de l’AIE, prévenait déjà que «les raffineries [avaient] du mal à suivre».

Ces difficultés sont observées au-delà du Vieux Continent. Selon Bloomberg, les stocks aux Etats-Unis ou à Singapour sont par exemple plus bas qu’à leur normale, quand ceux de l’OCDE, de manière plus générale, sont inférieurs à ce qu’ils étaient il y a cinq ans.

«Coûts de transport plus élevés»

Ces contraintes d’approvisionnement pèsent sur les prix du gazole à la pompe, qui dépassent par exemple en France les prix de l’essence depuis fin septembre. La semaine dernière, ils atteignaient 1,89 euro le litre contre 1,86 euro pour le super sans plomb 95-E10.

L’impact se fait ressentir aussi sur les entreprises. «Le diesel est le carburant du camion à 18 roues qui transporte les produits en provenance de l’usine. Ainsi, lorsque les prix montent en flèche, ces coûts de transport plus élevés sont répercutés sur les entreprises et les consommateurs», a déclaré Clay Seigle, directeur des services pétroliers mondiaux chez Rapidan Energy Group.