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Libération
Fortes chaleurs

«Déliquescence du système ferroviaire» : une vingtaine d’Intercités annulés par la SNCF qui craint des pannes de climatisation

En raison de la chaleur, la compagnie ferroviaire préfère annuler certains trajets qui devaient se faire sur des vieux trains Corail entre mardi 12 août et vendredi. Le résultat de décennies d’investissements trop faibles, selon la CFDT et le FNAUT.
La SNCF assure malgré tout que l'extrême majorité des trains circuleront normalement dans les prochains jours. (Alain Jocard/AFP)
publié le 12 août 2025 à 17h25

La canicule qui frappe particulièrement le sud de la France provoque une nouvelle fois des annulations de trains, la SNCF craignant des problèmes de climatisation à bord. Après des premiers Intercités supprimés entre jeudi dernier et lundi, une vingtaine de nouveaux trajets sont concernés à partir de ce mardi 12 août.

La SNCF annonce que trois allers-retours Bordeaux-Marseille sur huit, ainsi que deux allers-retours Paris-Clermont-Ferrand sur huit, sont supprimés ces mardi et mercredi. Des suppressions de trains sont également à prévoir jeudi et vendredi sur ces deux lignes. Concernant la ligne Paris-Limoges-Toulouse, trois allers-retours seront supprimés, mais seulement vendredi.

La compagnie ferroviaire précise que «l’ensemble des clients concernés bénéficient de l’échange ou du remboursement sans frais de leurs billets» et qu’ils seront recontactés par le groupe afin de réorganiser leur voyage.

Ces annulations, comme la semaine dernière, sont le résultat des «très fortes chaleurs actuelles [qui] nous conduisent à devoir alléger temporairement notre offre de transport sur certaines des lignes opérées par Intercités, explique la SNCF. Cette mesure vise à prévenir les pannes potentielles de climatisation liées aux très hautes températures.»

Les lignes concernées roulent toutes avec des trains Corail, qui ont parfois 50 ans d’ancienneté. «Le fonctionnement des climatisations des voitures Corail a bien sûr été vérifié sur 100 % des trains de la période estivale et elles font l’objet d’un entretien régulier. Cependant, leur conception ancienne ne leur assure pas la même robustesse que celle des trains plus récents dans certaines conditions météorologiques comme celles rencontrées actuellement», justifie la SNCF.

Une décision «préventive» défendue ce mardi matin par le ministre des Transports sur RMC, Philippe Tabarot, qui souligne que cela reste très limité face à «plus de 15 000 trains TER, Intercités et TGV qui vont circuler» rien que pour les journées de mardi et mercredi. «Cette décision prise par la SNCF n’est pas glorieuse mais elle est réaliste et précautionneuse par rapport à l’état du matériel aujourd’hui» qui est «ancien sur ces lignes Intercités», a-t-il ajouté.

«L’Etat n’a pas été à la hauteur des demandes»

C’est bien ce que reproche à l’Etat François Delatraz, le président de la Fédération nationale des associations d’usagers des transports (FNAUT). «Cela montre bien le niveau de déliquescence du système ferroviaire français à cause du manque d’investissement de l’État depuis 50 ans», assène-t-il auprès de Libé.

Les trains Corail devront être remplacés par une nouvelle génération de train à partir de 2027 appelés Oxygène. «Malheureusement, ils arriveront petit à petit tellement les constructeurs ont de demandes. Cela montre que l’Etat n’a pas été à la hauteur des demandes et des prévisions qui auraient dû être faites depuis dix ans, juge-t-il. On paye aujourd’hui ce qui n’a pas été fait il y a 20-30 ans.»

Vendredi dernier, le secrétaire général adjoint de la CFDT Cheminots, Fabrice Chambelland, nous disait également voir dans cette situation «l’illustration du déficit chronique d’investissement dans le matériel roulant» de la part de l’Etat «qui, aujourd’hui, crée cette situation dramatique, mais qui, encore une fois, n’est pas une surprise». Cependant, il disait comprendre «ce principe de précaution pris par la SNCF qui est plutôt responsable» car «il n’est pas possible de laisser des gens bloqués plusieurs heures dans un train sans clim».