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Justice

Dieselgate : un procès requis contre Renault pour tromperie aggravée, après Peugeot et Citroën

La marque au losange est accusée d’avoir «spécialement calibré» des véhicules commercialisés entre 2009 et 2017 pour passer les tests d’homologation de pollution.
A ce stade, il y a 381 parties civiles dans la procédure judiciaire. (picture alliance/dpa/picture alliance via Getty I)
publié le 11 juillet 2025 à 13h23
(mis à jour le 11 juillet 2025 à 14h24)

La liste s’allonge : après Volkswagen, Peugeot et Citroën, un nouveau constructeur est mis en cause dans le Dieselgate. Et il est à nouveau français : le parquet de Paris a requis le 25 juin un troisième procès pour «tromperie aggravée» contre l’industriel Renault, a fait savoir ce vendredi 11 juillet une source proche du dossier, dans le cadre de ce scandale automobile qui a débuté en 2015.

La marque au losange est suspectée d’avoir «spécialement calibré» des véhicules de normes Euro 5 et Euro 6 commercialisés entre 2009 et 2017 pour qu’ils respectent les paramètres réglementaires lors des tests d’homologation mais pas en situation normale, d’après les réquisitions du parquet.

Cette tromperie alléguée est aggravée par le fait que ce calibrage a pu favoriser de la pollution atmosphérique aux oxydes d’azote, «favorisant notamment l’apparition chez l’homme de maladies respiratoires». La décision finale sur un procès appartient au juge d’instruction, dans ce dossier qui a fait l’objet d’abondants échanges techniques et de plusieurs expertises. Sollicités, les avocats de Renault n’ont pas répondu dans l’immédiat.

«Stratégie assumée d’optimisation»

Lors de sa mise en examen, en juin 2021, la marque française avait contesté toute tromperie aggravée et avait assuré s’être toujours conformée aux normes en vigueur. Toutefois, pour la procureure chargée de ce dossier, «l’ensemble des déclarations des équipes travaillant sur la conception des moteurs diesel au sein de la SAS Renault tendait à démontrer que l’objectif en matière de dépollution était de passer la norme, en limitant de facto la norme au protocole d’homologation» alors que «cette norme devait trouver à s’appliquer aussi dans des conditions d’utilisation normale du véhicule».

Cette «stratégie assumée d’optimisation du fonctionnement des organes de dépollution et au long cours» a été prise de manière «collégiale», assure le ministère public.

A ce stade, il y a 381 parties civiles dans la procédure, des particuliers, des associations, des personnes publiques, parmi lesquelles les villes de Paris, Lyon, Montpellier ou Grenoble, et des entreprises privées. Le parquet souligne pourtant qu’il y en a «bien d’autres» potentielles, reprenant le chiffre de la Répression des fraudes qui a évalué à près de 900 000 le nombre de véhicules vendus pour un seul type de moteur diesel mis en cause, pour un chiffre d’affaires de 16,85 milliards d’euros.

Surtout, le ministère public dit «qu’à l’évidence, un consommateur qui se tourne vers Renault», un constructeur à «l’excellente réputation, ne s’attend pas à ce que son véhicule ne soit pas conforme aux normes européennes en matière d’émissions polluantes».

Mise à jour à 14 h 24 avec plus de contexte.