Pour les familles qui prennent des TGV ou qui ont subi la hausse des cartes Avantage cet été, l’annonce de Clément Beaune s’apparentera sûrement à un léger coup de com. Mais cela reste une bonne nouvelle dans une période de prix hauts pour le ferré. Ce jeudi 7 décembre, le ministre délégué aux Transports a annoncé que le gouvernement mettrait en place en 2024 un «bouclier tarifaire» sur les tarifs des trains Ouigo et Intercités.
«Il faut que le train soit abordable et populaire, c’est clair», a-t-il déroulé sur France Info, annonçant pour y parvenir quatre mesures pour le ferroviaire, dont trois gels de tarifs sur le modèle de ce qui avait été fait «l’année dernière» face à l’inflation pour les prix de l’énergie. «D’abord, il y aura un gel des tarifs sur le Ouigo», soit «un TGV sur quatre» car «c’est souvent le TGV que prennent les jeunes, que prennent les gens qui ont un peu moins de moyens». «Ça permet d’avoir de la grande vitesse accessible pour tous sur beaucoup de lignes», estime Beaune.
Cartes avantages augmentées cette année
Il y aura aussi «un gel des tarifs sur les trains Intercités», ces trains «qui ont été négligés» en termes d’investissements mais qu’empruntent «plus de 12 millions de Français chaque année», précise le ministre. «On rachète des nouveaux trains», relève-t-il, «mais on va leur faire aussi un gel des tarifs, c’est une question de respect, pour l’année prochaine».
Le ministre délégué aux Transports a en outre «exigé de la SNCF» que les plafonds des tarifs dont bénéficient les titulaires de la carte de réduction Avantage n’augmentent pas pendant toute l’année 2024, après une majoration de 10 euros cet été. La SNCF expliquait alors revoir à la hausse les prix plafonnés qu’assurent les différentes cartes Avantage détenues par 4,5 millions de personnes. Une mesure justifiée alors par l’augmentation des coûts d’exploitations, explique l’entreprise ferroviaire, notamment en raison de la hausse des prix de l’électricité. Malgré le tollé suscité, les prix ne rebaisseront pas l’an prochain.
Les prix des péages au pilori
En revanche, pas question de s’attaquer aux prix des TGV Inoui, soit la majorité des TGV, qui pourraient de nouveau être touchés par «la hausse moyenne d’environ 8 % entre 2023 et 2024» des péages ferrés confirmée par l’Autorité de régulation des transports. Or, ces péages ont un impact sur 40 % des prix du billet selon SNCF voyageurs, la Commission des finances du Sénat affirmant par ailleurs dans un rapport l’an dernier qu’ils sont deux fois plus élevés que la moyenne européenne.
En juin, après l’annonce d’une possibilité de payer les billets en 3 mensualités, avec des frais, l’Indecosa-CGT, association de consommateurs affiliée à la centrale de Montreuil, avait fustigé les prix dans le ferroviaire : «Malgré les démentis de la SNCF, l’inflation ferroviaire est une réalité incontestable, comme le démontrent les données publiées par l’INSEE. Ces chiffres révèlent une hausse des prix de 8,2 % en moyenne sur un an pour le secteur du transport ferroviaire en juin 2023.» La SNCF avait de son côté annoncé une hausse des prix de 5 % en moyenne pour 2023. Le 1er février 2024, les abonnements Max Actif seront par ailleurs majorés de 10 % après une hausse de 5 % cette année.
Beaune confirme enfin le lancement «d’ici l’été prochain» un Pass rail, qui permettra de prendre en illimité les TER et Intercités partout en France. «C’est aussi une mesure de baisse des tarifs, parce que ça va permettre un prix qui sera très accessible», ajoute-t-il. Ce prix n’est pas encore défini, car «on est en train d’en discuter avec les régions», a-t-il rappelé, mais ce sera dans «l’ordre de grandeur de ce que font les Allemands, c’est-à-dire autour de 49 euros par mois».
Un dispositif qui restera moins ambitieux qu’outre-Rhin ou au Portugal puisque Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France, a qualifié fin septembre d’«illusoire» l’idée d’y intégrer le premier réseau de transports urbains de France, dont l’abonnement au mois doit augmenter de plusieurs euros l’an prochain. Selon Pécresse, il faudrait ainsi trouver 1,8 milliard d’euros alors qu’il manque déjà 800 millions d’euros de financement pour tenir les comptes l’année prochaine. Pour le TGV comme pour le pass rail, les annonces seront donc loin de réconcilier les Français avec les prix des transports ferrés.