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Grève à la RATP: trafic fortement perturbé vendredi, huit lignes de métro fermées

En conflit avec la direction sur l’ampleur des augmentations salariales, l’intersyndicale (CGT, FO, l’Unsa, CFE-CGC, Solidaires et La Base) est parvenue à bien mobiliser les agents. La plupart des lignes tourneront en service très réduit en ce jour de départ en vacances.
La journée de grève de vendredi pourrait être la plus suivie depuis celle organisée lors de la lutte contre la loi sur les retraites en 2019. (Vincent Jarousseau/Hans Lucas)
publié le 16 février 2022 à 17h48

Les questions salariales et de pouvoir d’achat ont fait se multiplier les conflits sociaux au sein des entreprises et de la fonction publique depuis plusieurs mois. Vendredi, c’est au tour des salariés de la RATP d’exprimer leur mécontentement, avec une grève, à l’appel d’une large intersyndicale, qui sera particulièrement suivie. Huit lignes (2,3 bis, 5, 7 bis, 8, 10, 11 et 12) sont purement et simplement fermées. En dehors des lignes 1 et 14, le reste du réseau sera ouvert uniquement de 6h30 à 9h30 puis de 16h30 à 19h30 avec, dans le détail, 1 train sur 4 sur la ligne 3, uniquement entre Pont-de-Levallois et Havre-Caumartin, 1 train sur 2 sur la ligne 4, 1 train sur 3 sur la ligne 6 mais uniquement entre Nation et Bercy et 1 train sur 3 sur les lignes 7, 9 et 13. Côté RER A et B, qui circuleront de 6h30 à 20h30, 1 train sur 2 aux heures de pointe et 1 sur 3 le reste du temps, avec l’interconnexion interrompue à Gare du Nord. Tramway (1 sur 3 en moyenne) et bus (2 sur 3) seront également en service réduit. Dès lundi, la régie des transports parisiens avait annoncé la couleur, en invitant «tous les voyageurs qui en ont la possibilité à différer leur déplacement sur le réseau». Cette journée, qui pourrait être la plus suivie depuis celle organisée lors de la lutte contre la loi sur les retraites en 2019, intervient en ce jour de départ en vacances de février.

La grève est maintenue notamment parce que syndicats et direction ne sont pas d’accord sur les chiffres d’augmentations salariales affichés lors des négociations annuelles obligatoires (NAO). Selon la RATP, lors d’un «échange auquel ont participé la CFE-CGC, la CGT, l’Unsa et FO, la direction a réaffirmé sa proposition pour 2022 : une augmentation de 2,7% des rémunérations en moyenne», à laquelle s’ajoute un «intéressement [qui] pourrait être supérieur à celui des années précédentes». Et de préciser : «Au total des augmentations de salaire et de l’intéressement, ce sont donc plus de 100 millions d’euros qui seront redistribués aux salariés en 2022.» Cette hausse additionne l’avancement et l’ancienneté (+1,8%), des mesures catégorielles (+0,5%) et les mesures qui concernent tous les salariés de la RATP (+0,4%).

«Provocation de trop»

Pour l’intersyndicale composée de la CGT, FO, l’Unsa, CFE-CGC, Solidaires et La Base, c’est «une provocation de trop». A ses yeux, l’augmentation n’est, dans les faits, que de 0,4% car elle seule concerne l’ensemble des salariés. Bien loin des revendications des syndicats, comme la CGT, redevenu le premier de la RATP à l’automne, qui exige 3% de revalorisation annuelle sur les trois prochaines années, «compte tenu qu’il y a déjà eu 9% d’inflation depuis dix ans». Des chiffres qu’elle met en regard, calcule-t-elle, du milliard d’euros de résultats net accumulés depuis 2015.

D’autres revendications, comme la suppression de l’écart de rémunération entre les femmes et les hommes et l’ouverture «rapide» de discussions sur la réduction du temps de travail, sont également sur la table côté CGT. De son côté, l’Unsa exige notamment 3% d’augmentation sur quatre ans, en comparant là aussi avec l’inflation actuelle et à venir, ou encore des primes plus importantes pour les dimanches et jours fériés travaillés. Tous s’accordent en revanche sur le fait que la proposition de la direction ne leur convient pas, cette dernière et l’intersyndicale ayant «convenu d’un constat de désaccord alors que doit se tenir cette semaine un deuxième cycle d’audiences sur les NAO ainsi que la séance de négociations en multilatérale, vendredi». L’ampleur de la mobilisation ce jour-là pourrait bien évidemment peser dans les discussions avec la direction.

Ce conflit s’inscrit par ailleurs dans un climat social dégradé dans les transports franciliens. La semaine dernière, des agents de la RATP et de la SNCF avaient organisé un rassemblement devant le conseil régional afin de dénoncer l’ouverture à la concurrence qui doit, à ce jour, concerner toutes les lignes de métro et de RER en Ile-de-France. Une grogne qui pourrait s’étendre aux usagers : la Cour des comptes considère que le tarif du pass Navigo devra être augmenté ou bien qu’il faudra «faire contribuer les automobilistes franciliens au financement du système».