Comme d’une seule voix, la direction de la SNCF et le gouvernement montent au créneau pour dénoncer le préavis de grève englobant toute la semaine du 5 au 11 mai déposé par la CGT-Cheminots et SUD rail, respectivement les 1er et 3e syndicats de l’entreprise. Dans une interview accordée ce jeudi 18 avril au Parisien, le PDG de la filiale SNCF Voyageurs, Christophe Fanichet, a assuré que le groupe «ne peut pas se permettre une grève» au risque de voir les clients «essayer la concurrence, que ce soit le covoiturage, le bus ou une autre compagnie ferroviaire».
Alors que les syndicats promettent une «semaine noire» si la direction n’écoute pas les «alarmes sociales», Christophe Fanichet assure de son côté que la compagnie «a fait le job» et «a tenu tous [ses] engagements pris». Les élus du personnel demandent une «revalorisation» de la «prime de travail» ainsi que la revue des «paramètres» des logiciels d’organisation du travail qui provoquent «d’importants désagréments dans le quotidien» des agents. «J’ai entendu et j’ai bougé sur des revendications légitimes, en particulier sur les plannings des contrôleurs», a avancé Christophe Fanichet.
Reportage
«Pour 2025, je rappelle que nous avons négocié en fin d’année dernière une augmentation générale de 2,2 %, plus que l’inflation», a également affirmé le PDG ajoutant que «s‘il y a une grève, cela veut dire moins de résultats pour l’entreprise, donc moins d’investissements dans le ferroviaire et moins de redistribution l’année prochaine pour les cheminots.»
Le ministre des Transports s’en prend aux contrôleurs
En parallèle, le ministre des Transports, Philippe Tabarot était invité par Europe 1 et CNews ce vendredi. Il n’a pas hésité à fustiger les syndicats estimant que «certaines revendications peuvent paraître excessives» et que la SNCF ne doit pas «lâcher encore des millions d’euros». «Je ne serai pas interventionniste au point de dire qu’il faut absolument trouver une solution. C’est donner quelque part raison à ceux qui utilisent cette arme de la grève face aux personnes qui souhaitent se déplacer», a aussi défendu le ministre. Philippe Tabarot s’en est également pris directement aux contrôleurs assurant que c’étaient eux qui «ont fait partir ce mouvement» alors que «ce ne sont pas les personnes les plus mal traitées dans l’entreprise. Ils ont eu 17 à 18 % d’augmentation ces trois dernières années».
Des déclarations qui ne devraient pas refaire tomber la pression entre direction et syndicats mais qui pourraient profiter à la concurrence des avions et des bus. Jeudi soir, le directeur commercial France de l’opérateur de bus longue distance Flixbus Vincent Hays, a affirmé sur France Info que depuis les annonces d’appels à la grève à la SNCF, les ventes pour les ponts de Mai étaient «20 % supérieures à ce qu’on avait anticipé».