Des turbulences malgré la levée du préavis. Après avoir fait craindre un mouvement de grève inédit dans son ampleur ce jeudi 25 avril, le Syndicat national des contrôleurs du trafic aérien (SNCTA), majoritaire dans le secteur, annonce finalement ce mercredi matin la levée de son préavis de grève. Le syndicat explique dans un court message sur son site internet avoir trouvé un accord lors d’une conciliation nocturne qui s’est tenu «de 18 heures à 8 h 30» dans la nuit de mardi à mercredi avec la Direction générale de l’aviation civile (DGAC), et appelle désormais les contrôleurs à «annuler (leur) déclaration préalable» de grève. Le syndicat dénonçait les trop faibles mesures d’accompagnement, notamment salariales, en marge d’une refonte du contrôle aérien français.
A lire aussi
Ce mercredi midi, le ministre des Transports, Patrice Vergriete, a confirmé qu’un accord «gagnant-gagnant» avait été conclu avec le syndicat majoritaire, «qui vise à rendre plus productif, plus performante en termes de sécurité et de limitation de retards, le contrôle aérien en France». «L’usager va y trouver plus de sécurité, moins de retards», a-t-il ajouté, sans être en mesure dans l’immédiat de donner des détails sur les concessions obtenues par les contrôleurs, alors que le SNCTA demandait notamment 25 % d’augmentation des rémunérations étalées sur cinq ans. «Il y a eu des mesures statutaires qui ont été données, mais pas la totalité de ce que souhaitaient les syndicats», a indiqué le ministre, en soulignant qu’il s’agirait d’une opération blanche pour le contribuable, le budget de la DGAC étant abondé par les redevances acquittées par les compagnies aériennes.
Les trois autres syndicats d’aiguilleurs du ciel, l’Unsa-ICNA, l’Usac-CGT et le Spac-CFDT ont maintenu leurs préavis pour différentes raisons. «Il y a un choix à faire, soit l’accepter contre de nouvelles revalorisations indemnitaires, soit se mobiliser pour préserver un maximum de ce qui peut l’être. Que nos décideurs ne s’y trompent pas, une bonne partie des agents DGAC n’acceptera pas tout contre des mesures indemnitaires», écrit par exemple l’Usac-CGT dans un communiqué. Le ministre des Transports a précisé «entame[r] les discussions» avec eux, se disait «très optimiste sur le fait de pouvoir boucler l’accord».
Difficulté de se réorganiser malgré la levée de la grève
Résultat, malgré la levée du préavis, la journée de jeudi devrait être marquée par «quelques perturbations», assure Patrice Vergriete. Du côté des compagnies aériennes, on parle toujours de 75 % des vols annulés à Orly et de 55 % à Roissy-Charles-de-Gaulle. Ces réductions de programmes de vols demandées par la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) atteindront 65 % à Marseille-Provence et 45 % dans les autres aéroports de France métropolitaine. Soit quasiment les mêmes taux que ceux communiqués mardi soir, avant l’annonce de l’accord.
De source proche du dossier, ils traduisent la difficulté de réorganiser un dispositif de crise à très brève échéance, le délai étant trop court pour reprogrammer les vols annulés par les compagnies. Transavia, compagnie à bas coûts du groupe Air France-KLM, a par exemple annoncé l’annulation de 198 vols jeudi, tandis qu’Air France a prévu de mettre à jour son programme dans la journée de mercredi. L’entreprise a malgré tout déjà prévenu que «des annulations importantes et des retards [étaient] à prévoir», promettant de prévenir individuellement ses clients concernés. Ceux-ci «peuvent modifier sans frais leur voyage ou demander un avoir ou un remboursement intégral».
Pour aller plus loin
Mardi, le SNCTA assurait auprès de Libé que le nombre de grévistes parmi les contrôleurs avoisinait «les 100 %». Aucun élément n’avait filtré mercredi en fin de matinée sur les conséquences opérationnelles de la levée du préavis du SNCTA. Un autre préavis de grève de trois jours avait été déposé les 9, 10 et 11 mai, au cas où les négociations n’aboutiraient pas. Cette rapide sortie de crise limite donc grandement les répercussions initialement prévues.
Mise à jour le 25 avril à 11 h 25 avec le préavis de grève maintenu par trois autres syndicats.