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Grève des contrôleurs : la SNCF fera circuler «un TGV sur deux» ce week-end

Le patron de SNCF Voyageurs, Christophe Fanichet, a fait savoir ce mercredi 14 février que seul un TGV sur deux vont circuler lors de ce week-end de vacances scolaires. En cause : la grève du 16 au 18 février des contrôleurs initiée par la CGT Cheminots et SUD Rail.

A Lourdes, le 12 décembre 2021. (Boby/Libération)
ParDamien Dole
Journaliste - Economie
Publié le 14/02/2024 à 8h01, mis à jour le 14/02/2024 à 15h50

Après une grève à Noël 2022, qui avait eu un impact sur quelque 200 000 voyageurs, les contrôleurs réitèrent. En raison d’un préavis de grève des contrôleurs déposé par la CGT Cheminots et SUD Rail les 16, 17 et 18 février, seul un TGV Inoui et Ouigo sur deux va circuler lors de ce week-end de vacances scolaires, a annoncé ce mercredi 14 février sur France Info Christophe Fanichet, le patron de SNCF Voyageurs.

«La circulation des trains sera fortement perturbée» à partir de jeudi 20 heures et jusqu’à lundi 8 heures, a confirmé la SNCF plus tard dans la journée. Pour les Intercités de jour et de nuit, un train sur deux circulera vendredi, samedi et dimanche tandis que le trafic est prévu «normal» pour les trains Ouigo classiques.

«Les Français savent que la grève est un droit», mais «aussi que travailler est un devoir», a réagi dans la matinée Gabriel Attal. Le Premier ministre a déploré «une forme d’habitude, à chaque vacances qui arrivent, d’avoir l’annonce d’un mouvement de grève» des cheminots, ajoutant que «c’est aussi l’image de la SNCF qui à chaque fois en prend un coup». «L’objectif, c’est d’assurer un TGV sur deux qui circule ce week-end» avec «autant de Ouigo que d’Inoui» et une priorité pour «les départs et les retours de la neige», a fait savoir de son côté Christophe Fanichet, précisant que «les perturbations, c’est vendredi, samedi et dimanche». Si les préavis ont été déposés début février, les deux syndicats assurent que les revendications ont été posées depuis le 30 novembre.

Grève de trois jours

Comme lors du mouvement qui s’est déroulé il y a un peu plus d’un an, c’est le groupe Facebook Collectif national ASCT (CNA), constitué en dehors de tout cadre syndical, qui a poussé les deux organisations à agir – la structure ne peut pas déposer elle-même de préavis. Cette grève de trois jours intervient au début des vacances pour les académies de Besançon, Dijon, Bordeaux, Clermont-Ferrand, Grenoble, Lyon, Limoges et Poitiers, et au milieu de celles de l’Ile-de-France, de Montpellier et Toulouse.

Pour les deux syndicats qui ont décidé de maintenir le mouvement de grève, les quelques avancées mises sur la table ces derniers jours sont loin d’être suffisantes. Lors d’une table ronde la semaine dernière entre représentants du personnel et direction, cette dernière a notamment proposé une prime exceptionnelle de 400 euros, un millier de postes en plus des 7 300 déjà prévus sur l’année, dont 200 contrôleurs, une indemnité de résidence et des engagements sur la fin de carrière et la revalorisation de l’indemnité opérationnelle circulation. Pas convaincant pour les deux syndicats, une position confirmée après une ultime réunion lundi. Du côté de SUD Rail, on demande notamment la revalorisation de «l’indemnité opérationnelle circulation» à hauteur de 300 euros par mois (contre 60 euros aujourd’hui), des améliorations des conditions de travail et des «embauches massives».

«Il aura fallu attendre que le contexte vire à l’urgence pour que cette table ronde se tienne ce 7 février et en présence du DRH du Groupe SNCF», explique la CFDT Cheminots, qui a malgré tout levé son préavis de grève, préférant attendre les prochaines tables rondes de négociations. La centrale avait par ailleurs alerté de la situation sociale chez les ASCT dès le 30 novembre. L’Unsa Ferroviaire, deuxième organisation représentative, derrière la CGT et devant SUD Rail, a de son côté estimé la semaine dernière que leurs «revendications ont été entendues, sans un jour de grève».

Côté pouvoir d’achat, en novembre, l’Unsa et la CFDT ont signé un accord dans le cadre des négociations annuelles obligatoires (NAO) qui, calcule la direction, a entraîné une hausse de salaire moyenne de 4,6 % en 2024. Mais il s’agit d’une augmentation générale de seulement 1,8 %, le reste découlant de l’ancienneté et de l’avancement individuel estimaient les syndicats non-signataires.

«Mobilisation massive»

«Lors du mouvement de mai 2022, nous avions obtenu des avancées, certes pas encore suffisantes mais quand même significatives, rappelle SUD Rail dans un tract. A l’époque, et sur la base d’une consultation […], nous avons choisi de prendre ce qui était donné “cash”, et pour ce qui était promis nous avons laissé le bénéfice du doute à SNCF Réseau, on a levé le préavis.» «On a eu tort», tonne le syndicat, avant d’accuser la direction de ne pas avoir tenu ses promesses, notamment sur les primes et les fins de carrière.

Mardi, Jean-Pierre Farandou, PDG de la SNCF, a en revanche affirmé que «l’objectif est clair, c’est que les Français ne soient pas embêtés et qu’un maximum de trains puissent circuler ce week-end». «Beaucoup de choses [ont été] mises sur la table», souligne-t-il. Il espère «que les contrôleurs percevront qu’on a traité leurs revendications». Le PDG de la SNCF avance que la rémunération mensuelle des cheminots a augmenté de 20 % en trois ans.

Sur les deux revendications «plus techniques» renvoyées à des réunions ultérieures, le patron du réseau ferré s’est dit prêt à les étudier «à froid, pas sous la menace d’une grève». «C’est compliqué de dire oui à tout, parce que c’est aussi le rôle de patron de dire ce qui est possible et ce qui ne l’est pas», explique-t-il. La CGT, elle, prévient : «En renvoyant à plus tard les réponses aux revendications des cheminots, la direction crée les conditions d’une mobilisation massive des ASCT dès ce week-end, qui pourrait s’étendre dans de nombreux métiers ou filières dans les prochains jours.»

Mise à jour à 15 h 50 avec la confirmation qu’un TGV sur deux circulera ce week-end.