Les signes d’une pénurie dans les stations essence se dessinent à nouveau. «Il ne faut pas prendre de mesures de précaution», martèle le ministre des Transports Clément Beaune, qui prévoit «un jeudi de galères [et] de fortes perturbations dans les transports». La grève annoncée pour jeudi, en réaction à la réforme des retraites présentée par Elisabeth Borne la semaine dernière, inquiète les automobilistes, qui anticipent et font le plein. «Si vous allez tous faire le plein demain matin, on ne pourra pas suivre», prévenait lundi Olivier Gantois, président de l’Ufip Energie Mobilité.
Pour aller plus loin
Trop tard ? Depuis lundi, les pénuries dans les stations-service sont rares mais sont toutefois un peu plus nombreuses que d’ordinaire : 3,75 % d’entre elles manquent d’essence ou de gazole. Certains départements sont plus touchés que d’autres, comme les Yvelines où le taux de pénurie monte à 18 %. Début janvier, le taux de pénurie national était de 0,5 %. Mais le gouvernement se veut rassurant. «On n’est pas du tout dans la situation que nous avons connue à l’automne dernier», a nuancé la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher vendredi. Selon elle, les «mouvements» qui vont contester la réforme des retraites «tiendront une journée».
Pas si sûr. Jeudi dernier, la CGT Pétrole a lancé plusieurs pré-arrêts de travail : de 24 heures le 19 janvier, de 48 heures le 26 et de 72 heures le 6 février. En septembre dernier, l’arrêt de raffineries et le blocage de dépôts avaient bel et bien provoqué d’importantes difficultés d’approvisionnement en carburant en France.
Mobilians, syndicat professionnel qui représente 5 800 stations-service traditionnelles, se veut plus rassurant. «On a un mois de stock», a estimé Francis Pousse vendredi. Le président de Mobilians ne craint pas le mouvement social et les grèves contre la réforme des retraites. «Il y a 200 dépôts disséminés sur le territoire français. Les stocks sont relativement importants.» Et de remettre la responsabilité sur les automobilistes : «ce sont ceux qui vont faire des pleins de précaution qui vont nous mettre à mal plus rapidement que prévu. Je comprends l’inquiétude, mais le but est que justement, nous ayons du carburant pour tout le monde, en particulier pour les gens qui travaillent». En réponse, Clément Beaune invite les Français à se tourner vers le télétravail, quand c’est possible.