La «doctrine» en cas de malaise d’un voyageur dans le métro parisien était «absurde», selon les mots de Valérie Pécresse. La présidente LR de l’Ile-de-France et gestionnaire des transports dans la région, a donc annoncé un changement de protocole, sur BFM Business ce mardi 27 février. «Quand quelqu’un s’évanouit dans le métro, au lieu de le faire sortir de la rame pour le faire respirer, on le traite comme s’il avait eu un choc d’accident de la route, on le met en PLS dans la rame et on arrête la rame en attendant que les secours arrivent. C’est le contraire de ce qui se fait ailleurs», a fait remarquer l’élue LR en rappelant les exemples de Londres et Tokyo.
Le principe de la nouvelle «validation d’un protocole Samu», attendue «depuis des années» par Valérie Pécresse : «Il faut sortir la personne de la rame […]. Pour les malaises voyageurs, nous n’arrêterons plus les rames de métro», a-t-elle déclaré. La prise en charge se fera donc sur le quai, en dehors des rames. Cela vise notamment à éviter l’immobilisation des rames et les retards conséquents qui s’ensuivent. Reste toutefois la question du suivi de la personne ayant fait un malaise en l’attente d’une éventuelle intervention des secours.
Des changements dans les transports franciliens 🚅
— BFM Business (@bfmbusiness) February 27, 2024
"Quand il y a un malaise voyageur, il faut faire comme à Tokyo, il faut sortir la personne de la rame. On vient d'avoir la validation d'un protocole, donc nous n'arrêterons plus les rames"
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D’après l’autorité des transports Ile-de-France Mobilités (IDFM), un dialogue social a été entamé à la RATP en février pour déployer cette nouvelle mesure et en discuter avec les conducteurs et agents de station. Un dialogue social ligne par ligne doit avoir lieu au mois de mars, puis les agents seront formés pour une mise en place en juin, «avant les Jeux olympiques», a fait savoir IDFM. Une échéance confirmée par la RATP, assurant que les formations «de l’ensemble des conducteurs de métro et de RER, ainsi que des agents des gares et stations» vont commencer d’ici quelques semaines.
Un document de la direction de la RATP, dévoilé en octobre par RMC, faisait déjà état de ce projet de nouveau protocole. Ce document invitait les conducteurs à inciter les voyageurs à évacuer la personne malade de la rame ou à l’aider eux-mêmes à évacuer. L’Unsa-Transport avait dénoncé auprès de RMC un projet «dangereux et irresponsable». Force ouvrière s’inquiétait, elle, des conséquences judiciaires : «Que se passera-t-il si la personne sortie porte plainte car on l’a touchée ?»
L’urgentiste Patrick Pelloux, qui a conseillé la RATP, faisait quant à lui valoir à la radio qu’il «est beaucoup plus simple pour [eux] d’intervenir sur une personne à quai plutôt que dans une rame inaccessible dans un tunnel entre deux stations.»
L’intelligence artificielle pour repérer les colis suspects
Autre raison de retard majeure à laquelle la présidente de la région veut s’attaquer : les colis suspects. «Dans beaucoup de pays, on les sort de la rame et on les dépose sur le quai», a regretté Valérie Pécresse à BFM TV. Une manœuvre impossible alors que la France est au niveau «sécurité renforcée-risque attentat» du plan Vigipirate. Valérie Pécresse avance une alternative : «On va mettre en place des brigades cynophiles pour renifler les colis et, en dix quinze minutes, lever le doute et pouvoir les sortir.» Ces bridages ne sont pas une nouveauté, rappelle le Parisien, puisqu’une vingtaine ont été déployées sur le réseau RATP dès 2021.
L’intelligence artificielle sera également mise à profit pour «repérer les colis suspects avec des caméras, afin d’éviter de bloquer les rames pendant des heures».
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Reconnaissant une «énorme crise dans les transports en commun […] qui se poursuit encore aujourd’hui», la présidente de la région francilienne fait état d’une «énorme pénurie de conducteurs» liée à «plein de facteurs post-Covid», mais aussi à un manque d’anticipation «de la reprise du trafic» par la SNCF et la RATP. Alors que les JO de Paris approchent, Pécresse se veut rassurante : «Ils recrutent à marche forcée depuis six mois, ils forment. J’ai très bon espoir que d’ici la fin du mois de mars les transports seront revenus à la normale.»
Mis à jour à 16h46 : ajout des déclarations d’Ile-de-France Mobilités et de la RATP.