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Privatisation

Ile-de-France : la gauche veut une mission d’information sur l’ouverture à la concurrence des transports

Alors que le monopole de la RATP sur les bus doit prendre fin début 2025, des groupes de gauche au conseil régional demandent ce lundi à Valérie Pécresse de lancer une mission d’information et d’évaluation.
La présidente du conseil régional d'Ile-de-France, Valérie Pécresse, a réaffirmé son intention de s’en tenir au calendrier initial d'ouverture à la concurrence. (Nicolas Tucat/AFP)
publié le 27 février 2023 à 17h54

La gauche francilienne poursuit sa lutte contre la privatisation des transports de la région, sur le terrain politique. Ce lundi, l’opposition de gauche à la présidente Les Républicains d’Ile-de-France, Valérie Pécresse, lui demande de lancer une mission d’information et d’évaluation sur l’ouverture à la concurrence des transports en commun franciliens. Il y a urgence : le monopole de la RATP sur les bus doit prendre fin début 2025.

Cette échéance, ainsi que la perspective de l’ouverture progressive à la concurrence du réseau ferré, suscite «de vives inquiétudes parmi les élus locaux, les personnels des opérateurs de transport, les associations d’usagers», écrivent dans un courrier diffusé lundi les groupes communiste, insoumis, socialiste et écologiste du conseil régional pour justifier un groupe d’enquête constitué d’élus. Dans le sillage du mouvement Stop galère initié par Céline Malaisé, cheffe du groupe communiste à la région, 52 conseillers régionaux ont donc déposé une «mission d’information et d’évaluation sur les coûts, les conséquences directes et indirectes ainsi que les risques sociaux, réglementaires et économiques de la mise en concurrence des transports publics d’Ile-de-France», et espèrent qu’elle sera votée les 29 et 30 mars lors du prochain conseil régional, en revoyant la décision à la présidente de la région.

«Céder au chantage»

Selon les élus de gauche, la mise en concurrence du réseau de bus francilien «engendre dès à présent des difficultés sociales et organisationnelles au sein des opérateurs», affirment les élus de gauche pour qui «de nombreux aspects réglementaires, sociaux et techniques ne sont pas réglés à moins de vingt mois du transfert des 19 000 salariés RATP» concernés. Ils regrettent par ailleurs le refus de Valérie Pécresse, «sans concertation ni étude d’impact, [de la] mise en place d’une régie régionale des transports».

Ils soulignent aussi le risque de «télescopage» avec les Jeux olympiques de 2024, qui auront lieu six mois plus tôt que l’ouverture à la concurrence. Tous les syndicats de la régie sont en revanche opposés à la perte de son monopole, d’où la crainte de grèves ainsi qu’une possible désorganisation du service, en particulier pendant les Jeux olympiques. Une difficulté de plus après un automne catastrophique sur le réseau. Début janvier, le ministre délégué aux Transports, Clément Beaune, avait par exemple dit ne pas exclure de décaler cette ouverture à la concurrence, dont le calendrier est défini par une loi de 2009, en cas de risque de perturbation des JO.

Fin janvier, le nouveau patron de la RATP, Jean Castex, a de son côté interpellé le gouvernement pour que disparaissent les «inquiétudes» liées à l’ouverture à la concurrence, le cadre réglementaire n’étant pas complet. Mais Valérie Pécresse a depuis réaffirmé son intention de s’en tenir au calendrier initial, refusant de «céder au chantage» d’une «minorité de personnels».

Plus de 15 millions de visiteurs lors des JO

Les acteurs de la région et de l’Etat tentent donc de s’organiser au mieux pour assurer la mobilité des spectateurs des Jeux olympiques dans de bonnes conditions. Pour préparer les échéances sportives de 2023 et 2024, la régie de transports franciliens a annoncé la semaine dernière vouloir pourvoir 6 600 postes cette année. L’Office du tourisme et des congrès de Paris prévoit en effet 15,1 millions de visiteurs cumulés lors des seuls Jeux olympiques et paralympiques, dont plus d’un million de touristes qui, venant de l’étranger, ne devraient pas utiliser de voiture pour circuler entre les sites. Des grèves pendant les JO, à quelques mois de la mise en concurrence, pourraient rajouter un souci aux organisateurs.

Ce lundi, Transilien, qui opère plusieurs lignes de RER et de trains en Ile-de-France, a par ailleurs affirmé de son côté que «plus de 900 agentes et agents seront recrutés cette année par Transilien SNCF Voyageurs», dont 400 conducteurs de RER, train et de tram-train, et 150 techniciens de maintenance. Là aussi les JO sont l’une des raisons invoquées pour l’accélération de ses recrutements. De la gauche au gouvernement en passant par les opérateurs, la plupart des acteurs franciliens et de l’Etat tentent donc de s’organiser pour que les Jeux olympiques se passent au mieux sur le front des transports. Hormis peut-être Valérie Pécresse, qui assume son jusqu’au-boutisme sur l’ouverture à la concurrence.