Sur une carte en temps réel, c’était un point orange immobile au milieu d’une mer de navires de plaisance et de pêche, un tanker de près de 300 mètres stationné entre Noirmoutier (Vendée) et Belle-Ile-en-Mer (Morbihan) depuis plus de deux mois. Le Maisha, qui signifie «vitalité» en swahili, sans doute en référence à une vie passée, est un vieux pétrolier rouge rouille sur lequel flotte un drapeau de complaisance, celui d’Antigua-et-Barbuda. En ce début juillet, il est resté figé à quelques kilomètres des eaux territoriales françaises, non loin des plages où les premiers touristes commencent à étendre leur serviette. Son histoire, c’est aussi celle d’une trentaine de marins philippins embarqués qui n’ont pas touché terre depuis des semaines, ballottés par l’économie et la géopolitique.
Tout commence début juin par un appel plutôt rare pour Geoffroy Lamade, inspecteur de l’ITF, la Fédération internationale des ouvriers du transport. L’épouse d’un marin philippin s’inquiète. Son mari est bloqué à l’intérieur d’un tanker qui stationne à quelques encablures des c