Une nouvelle mort suspecte. Après John «Mitch» Barnett, un employé de Boeing dont le corps a été retrouvé sans vie début mars, possiblement après un suicide, un deuxième lanceur d’alerte sur les failles des avions de la compagnie américaine, Joshua Dean, est mort mardi 30 avril, rapportent plusieurs médias anglo-saxons. Âgé de 45 ans, cet homme a longtemps travaillé comme technicien chez Spirit AeroSystems, un fournisseur de Boeing, entreprise dans laquelle il avait signalé des problèmes de sécurité.

La mort de Joshua Dean, réputé pour son mode de vie sain et sa bonne santé, comme l’a souligné le Seattle Times mercredi, a surpris son entourage. L’état de Joshua Dean s’est dégradé «rapidement» après avoir été testé positif au SARM, une infection bactérienne difficile à traiter. Il a ensuite développé une pneumonie, avant de mourir. Un scanner a montré qu’il avait également subi un accident vasculaire cérébral. Les médecins ont même envisagé d’amputer ses mains et ses pieds, noircis par le manque d’oxygène.

«Nos pensées vont à la famille de Josh Dean. Cette perte soudaine est une nouvelle stupéfiante ici pour ses proches», a réagi Spirit AeroSystems dans un communiqué. Cette entreprise, dans laquelle Joshua Dean travaillait depuis 2019, est aujourd’hui confrontée à des difficultés financières. Ces dernières années, l’ex-salarié avait manifesté ses inquiétudes concernant des trous de cloison mal percés sur certains avions 737 Max destinés à Boeing, à l’usine de Spirit à Wichita, en octobre 2022. Depuis, plusieurs incidents sont survenus sur ces appareils, plongeant le constructeur aéronautique dans la tourmente.

Or, selon plusieurs témoignages, la direction de Spirit AeroSystems «a demandé à ses employés de minimiser les défauts qu’ils trouvaient, ou ont fait pression sur eux pour qu’ils le fassent», note le Time. Joshua Dean a finalement été licencié en avril 2023, avant de déposer une plainte auprès de l’administration fédérale de l’aviation, pour dénoncer ces failles de sécurité et le fait que son entreprise a tenté de les cacher. «Il est connu chez Spirit que si vous faites trop de bruit et causez trop de problèmes, vous serez muté», avait-il déclaré au Wall Street Journal en janvier.

Ce décès survient moins de deux mois après celui de Barnett, qui a passé des années à alerter contre le laxisme des normes de sécurité chez Boeing. Il a finalement été retrouvé le 9 mars dans son camion à Charleston (Caroline du Sud), tué par une «blessure par balle auto-infligée», selon les autorités. Une enquête est toujours en cours.

Brian Knowles, l’avocat qui représente les deux victimes, a estimé qu’il ne fallait pas spéculer sur la proximité temporelle et les circonstances des deux décès. «Il s’agit d’un ensemble de circonstances compliquées. Nos pensées vont maintenant à la famille de John et à la famille de Josh», a-t-il déclaré. «Les lancers d’alerte sont nécessaires. Ils mettent en lumière les actes répréhensibles et la corruption dans l’intérêt de la société. Il faut beaucoup de courage pour se lever», a-t-il encore ajouté.