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Transports

Jean Castex reconduit pour cinq ans à la tête de la RATP

L’ancien Premier ministre a été renouvelé, ce mercredi 9 octobre, pour cinq ans à la tête de la RATP. Il devra relever plusieurs défis, de la modernisation du réseau à l’ouverture à la concurrence.
Le président-directeur général du groupe RATP, Jean Castex, à Paris, le 20 février 2023. (Alain Jocard/AFP)
publié le 9 octobre 2024 à 16h31

C’est un vote parlementaire à rendre jaloux Michel Barnier. Les députés ont validé mercredi 9 octobre le renouvellement par 30 voix pour (six contre et neuf abstentions) de Jean Castex à la présidence de la RATP. La semaine précédente, ce sont les sénateurs qui l’avaient approuvé par 39 voix pour et seulement une abstention. Avant d’être entendu ce mercredi au Palais Bourbon, l’ancien Premier ministre avait fait part aux députés de sa satisfaction à ce poste : «Au cours de ces quasi deux ans à la tête de la RATP, j’ai été, et je continue d’être, très heureux», confiait-il. Les défis ne manquaient pas pour l’ancien chef du gouvernement, arrivé aux manettes de la régie fin novembre 2022, six mois après son départ de Matignon.

Des Jeux olympiques réussis

A l’époque, l’entreprise était en crise avec un quart des bus et 10% des métros dans l’incapacité de rouler en raison d’un manque de conducteurs de bus. Ces derniers avaient enchainé les grèves et les périodes d’absentéisme pour protester contre la dégradation de leurs conditions de travail. Se justifiant de la préparation à l’ouverture à la concurrence, l’ancienne PDG Catherine Guillouard avait par exemple décidé unilatéralement de faire travailler les chauffeur de bus une vingtaine d’heures de plus par an en échange d’une augmentation annuelle de 460 euros brut.

Depuis, Jean Castex s’est attelé à renouer le dialogue avec les syndicats – FO avait d’ailleurs soutenu son maintien en poste – et lancé des campagnes de recrutement massives pour rétablir la qualité de service, revenue à un niveau satisfaisant juste avant les Jeux olympiques. L’entreprise a ensuite relevé sans encombre le défi du transport des spectateurs, dont le nombre était estimé à quatre millions par jour, pendant la quinzaine olympique, pour laquelle elle était attendue au tournant.

Interrogé, d’abord au Sénat puis à l’Assemblée, sur la possibilité de reproduire cette qualité de service tout au long de l’année, le PDG a filé la métaphore sportive. «La RATP court toute l’année un marathon. Les Jeux olympiques, c’est un sprint. On peut faire un sprint sur 400 ou 500 mètres, mais c’est beaucoup plus difficile de le faire sur 50 kilomètres», avait-il exposé pour expliquer la difficulté de maintenir un tel niveau d’exigence. Le réseau de transport exploité par la RATP est dans un «entre-deux qui n’est pas simple à gérer», a-t-il rappelé. «Nos concitoyens éprouvent de plus en plus de difficultés à circuler en automobile, tandis que le développement et la modernisation des transports collectifs [...] n’est pas encore complètement terminée», a insisté Jean Castex.

L’ouverture à la concurrence, un dossier chaud sur le bureau de Castex

L’ancien maire de Prades va aussi devoir gérer l’ouverture à la concurrence, dont la concrétisation se rapproche avec trois premiers lots de bus du monopole historique de la RATP qui vont être attribués en novembre. «On gagnerait à avoir un observatoire indépendant sur les conditions de mise en œuvre de l’ouverture à la concurrence», a-t-il plaidé.

Le réseau de bus de la régie publique va progressivement s’ouvrir à la concurrence d’ici 2026, avec le basculement de 19 000 travailleurs et 308 lignes de bus en dehors de la RATP. Le tramway doit, lui aussi, s’ouvrir à la concurrence en 2030, puis le métro, à horizon 2039.

La reconduction de Jean Castex est la première parmi une série de nominations attendues à la tête des grandes entreprises publiques. Augustin de Romanet doit, par exemple, quitter la présidence du gestionnaire d’aéroports Groupe ADP d’ici décembre. Du côté de la présidence de la SNCF, la mission de Jean-Pierre Farandou à la tête de la compagnie ferroviaire devait s’achever après les JO. Il pourrait finalement être prolongé jusqu’en mai prochain, date à laquelle il aura atteint la limite d’âge.