L’embouteillage semble inévitable. Entre les Franciliens qui reprennent le travail, la rentrée des classes qui s’annonce, les Jeux Paralympiques (JP) qui s’ouvrent mercredi 28 août et les touristes qui prolongent leur séjour pour assister à quelques épreuves, la crainte de voyager dans une rame de métro bondée se fait sentir. Lors d’une conférence de presse tenue ce lundi 26 août, la région Île-de-France et son autorité organisatrice de ses transports, Île-de-France Mobilité (IDFM), ont tenu à rassurer les usagers des transports. «13 lignes de métro et de RER seront renforcées de 15 % en moyenne» par rapport au service normal de rentrée, pour permettre aux 5 millions de voyageurs quotidiens attendus dès le 2 septembre de se déplacer sans encombre, a annoncé la présidente des deux instances, Valérie Pécresse.
Soit peu ou prou la même intensité que lors des JO, qui avaient connu eux aussi 15 % de trains supplémentaires par rapport au service d’été classique. La région note en outre que l’affluence attendue pour les JP est moindre que pour les JO. Elle attend 300 000 visiteurs quotidiens sur son réseau liés directement aux Jeux Paralympiques contre 500 000 pour les Jeux Olympiques. Une diminution qui peut s’expliquer par la baisse du nombre de billets en vente, 3 millions pour l’évènement handisport contre 7 millions pour les olympiades, tout comme par la réduction du nombre de sites mobilisés pour des épreuves en Île-de-France, 17 contre 25.
La région incite à utiliser son application dédiée
«Nous avons pour objectif que 100 % des sites paralympiques soient accessibles via des transports en commun 100 % décarbonés», détaille Grégoire de Lasteyrie, conseiller régional délégué aux Mobilités durables et maire de Palaiseau. Pour cela, l’offre est renforcée, «de 15 % en moyenne» selon le conseiller régional sur 13 lignes de métro et de RER qui permettent de se rendre sur les sites sportifs : les lignes 1, 4, 8, 9, 10, 12, 13, 14 pour le métro et les lignes B, C, D, E, F pour le RER. Pour le Noctilien, le renfort reste le même que celui prévu pendant les Jeux, avec un bus toutes les 20 minutes contre 30 en temps normal, et pour les deux lignes qui font le tour de Paris, des Noctiliens toutes les six minutes.
Mais les cadres de la région incitent toujours les usagers des transports en commun à «adopter le bon réflexe» et à «anticiper ses déplacements». Comprenez : utiliser l’application de mobilités et de planification d’itinéraire développée par la région : «Transports Publics Paris 2024». «Cette application a déjà été téléchargée un million de fois pendant les Jeux Olympiques», vante Valérie Pécresse, smartphone à la main. Téléchargeable sur son téléphone, elle permet de connaître le trajet le plus adapté en fonction des flux en temps réel, de connaître les potentiels soucis techniques sur telle ou telle ligne. «Pour se rendre au Stade de France, l’appli préférera indiquer d’emprunter la ligne 14 au RER B ou à la ligne 13 qui sont privilégiés par les riverains», illustre Grégoire de Lasteyrie.
«Ne prenez pas les trajets intuitifs que vous avez l’habitude de prendre, enjoint par la suite la Présidente de Région. Prenez les trajets qui vous sont donnés sur l’appli Transport Publics Paris 2024». Un conseil plus adressé aux Franciliens qui ont leur propre connaissance des réseaux qu’aux touristes, qui utilisent déjà majoritairement un GPS pour se guider.
Retour aux tarifs normaux après le 9 septembre
Cette application permet également d’acheter et de valider ses titres de transport. «Les prix reviendront à la normale le 9 septembre, après les Jeux», annonce au passage la présidente d’IDFM qui encourage l’achat d’un pass Liberté Plus (bien plus rentable qu’un ticket à 4 euros) et ne manque pas de tacler – avec le ton moqueur qui lui est propre – les usagers surpris par la hausse des tarifs. «Ceux qui ont été surpris, ce sont ceux qui n’ont pas lu leur courrier. Ils ont été prévenus.»
Reste une épineuse question en temps de Jeux paralympiques, celle de l’accessibilité des transports parisiens pour les personnes en situation de handicap. «Aujourd’hui, 95 % du réseau RER et Transilien est accessible, ainsi que 100 % des bus et tramways», rappelle le conseiller régional d’IDF délégué en charge du handicap, de l’accessibilité universelle, Pierre Deniziot. Mais parmi les lignes de métro, seules la ligne 14 et le prolongement récent de la ligne 11 sont totalement adaptées aux personnes en situation de handicap.
C’est pourquoi la région a prévu 100 minibus permettant au public ciblé de se rendre sur les sites paralympiques depuis les 8 gares parisiennes moyennant un tarif de 4 euros, le prix d’un ticket de métro. De plus, les 5 000 «gilets violets», ces agents de transports qui guident les voyageurs, ont été formés et sensibilisés à l’accueil de personnes en situation de handicap ou à mobilité réduite, assure la région qui veut plancher sur l’accessibilité de ses lignes.
La présidente de la région Île-de-France a également plaidé pour la mise en place du «projet de la décennie» : «Un métro pour tous». Avec un investissement de 12 à 20 millions d’euros sur 20 ans, Valérie Pécresse veut lancer un vaste chantier permettant de rendre accessible à tous «les 13 lignes historiques» du métro parisien. Bien qu’il y ait «sans doute» des «impossibilités techniques» sur certaines stations, car Paris «extrêmement urbanisé», reconnaît la présidente d’IDFM, cette dernière martèle que ces chantiers sont nécessaires, notamment à cause du «vieillissement de la population».
La première ligne qui pourrait être en chantier serait la 6. Valérie Pécresse la juge «intéressante parce qu’elle dessert d’importantes stations entre Nation et Charles-de-Gaulle-Étoile, ses terminus». Une étude a déjà été réalisée, chiffrant le coût de l’opération entre 600 et 800 millions d’euros pour ce premier chantier qui «est prêt à être lancé», a affirmé la présidente de région. Reste la question du financement : «Je suis prête à boucler ce plan de financement en faisant trois parts égales, une part Région, une part État, une part Ville de Paris» a assuré Valérie Pécresse qui veut laisser un «véritable héritage immatériel» de ces Jeux Paralympiques.