Menu
Libération
Transport

La France a inauguré le «Canopée», premier cargo à voiles au monde

A l'heure de la transition écologiquedossier
Un navire hybride à voile, qui transportera de pièces de la fusée Ariane vers la Guyane, a été inauguré ce jeudi 5 octobre à Bordeaux. Il est censé consommer 30 à 40 % de carburant en moins qu’un transporteur classique.
Le «Canopée» sur la Garonne, le 3 octobre 2023. (Philippe Lopez/AFP)
publié le 5 octobre 2023 à 21h27

Le fret maritime met le cap vers la décarbonisation. Le «Canopée», premier navire cargo industriel hybride propulsé par le vent, a été inauguré ce jeudi 5 octobre à Bordeaux. Le bateau, conçu sur-mesure pour l’entreprise de lanceurs spatiaux ArianeGroup, rejoindra prochainement la base spatiale de Kourou, en Guyane.

La mission de ce navire de 121 mètres de long pour 22 mètres de large, doté de quatre mâts de 37 mètres de haut, est d’assurer le transport des pièces du lanceur Ariane 6 des ports européens vers celui de Pariacabo à Kourou, où elles seront assemblées ces quinze prochaines années. Propulsé par le vent, ce cargo économisera «30 à 40 % de carburant classique» lors de ses neuf rotations annuelles, détaille ArianeGroup. Actuellement, le transport maritime est responsable de 3 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

«C’est le début de la phase commerciale. On a livré le bateau en décembre 2022, on a fait des allers-retours entre l’Europe et la Guyane mais sans les voiles qui ont été rajoutées cet été et on va démarrer sa première rotation dimanche vers Brême, Rotterdam, Grattequina sur la Garonne, avant la Guyane où il est attendu début novembre», précise Jean-Michel Berud, président de l’affréteur.

Battant pavillon français, le navire «est un concentré d’innovations et d’audace qui répond aux besoins de rationaliser les coûts et de développement d’un transport plus durable», vante Christophe Caralp, directeur de la chaîne d’approvisionnement du groupe aérospatial. «Il va tracer la voie du transport maritime décarboné dans les années à venir.»

Ses ailes automatisées de 37 mètres de haut sur 11 mètres de large sont composées de deux volets - un avant et un arrière - qui s’orientent grâce à un algorithme qui analyse la météo et les vents à venir, en tournant sur 360 degrés afin de trouver la propulsion optimale pour le navire.

«C’est comme des ailes d’avion où le volet va descendre pour permettre à l’avion de décoller en générant des poussées conséquentes», compare Romain Grandsart, directeur opérationnel d’Ayro, start-up bretonne qui s’est inspirée des innovations de la course au large. Ce système robuste, «pas plus compliqué à manipuler qu’une grosse grue», ne devrait pas demander de longues formations spécifiques aux marins.